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                   L'ATLANTIDE 1


   I. — Le dix-septième jour du mois d'avril de l'an mil huit
cent quarante-cinq, les cloches de la petite-paroisse de Folgarolas,
en Catalogne, annonçaient aux échos des montagnes une joyeuse
nouvelle: Jacinto Verdaguer venait de naître! Et sa mère, une
noble chrétienne, tressaillait de joie, « parce qu'elle avait mis un
homme au monde » ; et la Catalogne, cette mère aussi, criait :
« Félicitez-moi, car j'avais perdu ma drachme, la poésie , et je
l'ai retrouvée ! »
   Que voulez-vous, j'aime l'Espagne, surtout les Catalans ! 2 Ce
peuple fidèle à l'Espagne, sa patrie reine, fidèle à la Catalogne, sa
patrie mère, sait garder envers et contre tous sa langue si an-
cienne et si nouvelle, filleule du parler limousin dont elle prend
volontiers le nom, vive, splendide et sonore, et riche à l'envi,
n'entendez pas à l'encontre, du Castillan, qui est la langue offi-
cielle des Espagnes.
    Dans ce pays-là, prêtre et poète c'est tout un, souvent; et l'on
considère et l'on aime le poète et le prêtre. Ce n'est que justice.
Chez les païens, Sophocle, Hésiode, Orphée, Linus, Musée, Olen
furent prêtres et poètes. Dans la primitive Eglise et au moyen

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    VAtlantide ; poème traduit du catalan de mosseu Jacinto Verdaguer, par
M. Albert Savine, librairie Léopold Cerf, rue de Médicis, Paris.
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    L'Atlantide, le chef-d'œuvre de la langue limousine catalane, a été imprimée
a Tulle, chez Jaan Mazeyrie.