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132                 LA REVUE LYONNAISE

lorsque, quelques jours auparavant, il avait su que, par ordre, l'a-
vocat général, que pendant longtemps il avait honoré de sa bien-
veillance , avait omis de prononcer même son nom dans son dis -
cours de rentrée. « Je n'ai pas encore eu le courage, écrivait-il à
cet égard à l'un de ses anciens collègues, d'affronter la lecture du
discours de Baudouin ; je le réserve pour ni'endormir; ce soir,
si j'en ai besoin. » Ce discours, en effet, est des plus médiocres;
il a pour sujet, je crois, le secret des lettres. Pour faire sa cour au
Pouvoir, l'auteur l'a félicité d'avoir toujours su respecter le secret
des correspondances privées, tandis qu'il est de notoriété publique
que bien des lettres n'arrivent pas à certains destinataires, ou sont
gauchement refermées, et que le ministre des Postes a d û , lui-
même, faire à la tribune le triste aveu de l'existence d'un cabinet
noir.
   M. Baudrier, du reste, aimait les hommes d'action qui ne prennent
pas pour de la sagesse le fait de laisser, sans protestation, les ini-
quités dont ils sont victimes parfois, et plus souvent témoins, et qui
n'attendent pas, dans un abri, qu'un soliveau tombe du ciel. Ainsi
il mandait à l'un de ses amis, en novembre dernier: « J e vois que
vous cherchez un moyen de tuer le temps, pour le moment, hélas!
prochain où vous allez aussi rentrer dans la vie privée. Les occa-
sions d'exercer votre verve ne vous manqueront pas. Continuez
cette lutte courageuse et sans merci. Vous avez tous les applaudis-
sements de vos amis. »
   Ce ne fut pas seulement au Palais que M. le président Baudrier
sut se faire une situation distinguée. Plus d'une grande administra-
tion le rechercha pour se l'attacher et lui demander le concours de
ses lumières et de son expérience. Ainsi, l'administration des hos-
pices, fidèle à ses traditions qui veulent que, constamment, des
membres de la magistrature siègent dans ses rangs, l'appela au mi-
lieu d'elle en 1858. Je ne dirai pas les nombreux services qu'il
y rendit, le dévouement dont il fit preuve pendant onze ans; on
peut en juger, entre autres, par son mémoire sur la fondation
David Comby qu'il publia en 1867. L'administration des hospices,
reconnaissante quoique composée en partie d'éléments autres que
ceux choisis du temps de M. Baudrier, s'est souvenue cependant
de lui le jour de ses funérailles, et, autour de son cercueil, on