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LE P R E S I D E N T BAUDRIER 133 vit de nombreux vieillards, pensionnaires des hospices, porter, en signe de deuil, des torches allumées. Le Mont de Piété lui dut aussi une part de gratitude ; longtemps il présida son administra- tion. La compagnie du Gaz de la Guillotière eut également r e - cours à son savoir et à son expérience, et naguère encore il diri- geait ses travaux. L'arrestation arbitraire de M. Baudrier, en 1870, laquelle sem- ble n'avoir eu d'autre cause que sa participation aux travaux de la commission municipale dont il avait fait partie dans les dernières années de l'empire , avait pu faire penser que, désormais, il se tiendrait éloigné de la vie politique qui avait failli devenir pour lui si fatale; mais il avait le cœur trop haut placé pour refuser son con- cours quand son pays le lui demandait. Il s'était donc rendu avec empressement à l'appel qu'avait fait à son dévouement, en 1873,1a nouvelle administration de Lyon et il avait accepté de faire partie d'une nouvelle commission chargée de remplacer l'étrange conseil municipal sorti des élections, après les douloureux événements de 1870. La mission de cette commission était des plus délicates et des plus laborieuses. Elle avait à remettre de l'ordre dans l'immense désor- dre mis en tout par les hommes de cette époque néfaste, et surtout à liquider, sans imposer à la ville de nouvelles charges, une situa- tion financière des plus déplorables, causée par toutes les folies et les malversations des gens du Pouvoir d'alors. Mais cette commission n'eut qu'une durée trop éphémère. Nos nouveaux Jacobins, un moment entravés dans leurs ténébreuses machina- tions par une administration ferme et courageuse, reprirent bientôt le dessus, enhardis surtout par la pusillanimité de ceux mêmes qui naguère avaient tant applaudi l'avènement d'un pouvoir répa- rateur. Le patriotisme de M. Baudrier était trop connu, pour qu'il eût refusé, aussi, en 1870, de faire partie du comité des ambulances établi à Lyon, au moment où nos armées entraient en ligne, mais pour succomber bientôt après glorieusement au milieu de l'effondre- ment de l'empire. Toutefois, ce comité ne put rendre tous les services qu'on pouvait attendre de lui. Il dut se dissoudre le lendemain du 4 septembre 1870, et ce qui survivait de nos malheureux soldats resta souvent sans pain, sans souliers et sans secours, ou périt