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80 LA REVUE LYONNAISE sauflow(p) et les mots tirés du français, et ceux en orem, orum (v. n° 34) ; Qu'en somme, dans la plus grande partie du Lyonnais * les for- mes en o sont très dominantes. On peut, je crois considérer que ouest, probableynent, en lyon- nais, la forme primitive prise par O' fermé libre. Or, la tendance constante de notre patois est de passer de ou à o, prononcé trèsbref2. Dès le treizième siècle, o fermé sonne le plus communément, o en lyonnais 3, sauf dans les mots qui tombent sous l'application des règles 34 et 35. Quant à w je le soupçonne véhémentement d'être le plus souvent la transformation de eu français, par l'influence d'oïl dominante dans la ville 4. 34. OREM, ORUM = OU : Gantoi'em = chantow, chanteur; De ch'cere = dzizou, diseur (Rive-de- Joculatorem = jonglow, jongleur ; Gier) ; Sibilatorem = sifflow, siffleur ; Dolorem = dolow, douleur; Vinditorem = vindow, vendeur; Galorem = chalou, chaleur; Manducatorem = mijow, mangeur ; Golorem = colow, couleur; Vindemiatorem = vindêmiow 5 , ven- Meliorem = meliou, meilleur 6 ; dangeur; Illorum = hou, leur. Exception pour amorem = amour (emprunté au français), et où r final se prononce. i Du moins la région du Lyonnais où are — ô,- celle qu'on a principalement étu- diée dans ce présent livret, et qui est de beaucoup la plus étendue. ! Tous les mots français qui possèdent un ou, tonique ou atone, libre ou entravé, ont des correspondants patois qui ont o: couveuse (cova) ; douve (dova); tout (tôt), toutes (tote) ; coup (cop) ; course (corsa) ; goutte (degot), double (drobli); coufle au Gourguiilon, à la campagne coflo; vieux fr. deroupt (derot); couple (cobla); courle au Gourguiilon, à la campagne corla ; bourreau (borriaw) ; bouquet (boque<) Gouzon (Gozon); courratier au Gourguiilon. à la campagne corratî; dessouder ; (dessodd); ébouler (debollî) ; de coudre (coteria, aiguillée); douelle (doella), etc. 3 Marguerite d'Oyngct a or (ad horam) ; roges (tuheam) ; vos (vos) ; hora (hora) ; les mots en orem et osum sont en ou, comme dans le patois moderne. 4 Ainsi sewr, meiïr, ont fait sur, m û r ; de même heure, hwra; neveu, nev«; nœud, nud. 5 On dit de préférence billiou. 6 Dans tous ces mois, c'est la torme de l'accusatif dans l'ancien lyonnais qui a pré- valu. Au xm"-siécle on avait à Lyon le cas-sujet et le cas-régime. Le cas-sujet du singulier pour les imparisyllabiques de la troisième conjugaison était formé de deux manières : tantôt sur le nominatif latin, avec l'addition d'une s analogique, tantôt