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26                    LA RKVUE LYONNAISE



                                   II

                   LES FÊTES D'INAUGURATION


    Nous sommes le 20. Aujourd'hui commence, par l'inauguration
officielle del'Exposition, la série de fêtes qui doivent se prolonger
jusqu'au 5 mai. Il n'y a pas d'illusions à se faire. Dès le matin, la
pluie tombe avec un acharnement déplorable. Il fait froid et humide.
Par moments, je perds la notion actuelle des choses, et je me
figure que je suis à Lyon, à gober le brouillard sur la place Bellecour
ou le long des quais. Il faut cependant prendre son parti. Je pénètre
dans mon habit noir, en maugréant. Je déjeune, en pensant au joli
 soleil qui dore en ce moment Hyères, Cannes, Nice, Monaco, toute
la côte delà Méditerrannée, que j'ai si malencontreusement quittée,
pour voir ouvrir une Exposition inachevée. Je monte en voiture,
 et en route pour la porte Raphaël, par où MM. les journalistes ont
accès dans l'enceinte sacrée.
    Les exposants entrent parla porte de l'Eridan. La porte d'honneur
est réservée aux Souverains, aux Ambassadeurs, aux gros bonnets
 de la diplomatie, de la politique et de l'administration. Cela fait,
 sur les trois interminables avenues qui conduisent à l'Exposition,
 trois jolies files de voitures de toutes sortes ; depuis le grand landau
 armorié jusqu'au dernier berlingot de place. Les chevaux patau-
 gent et piaffent dans la boue, comme s'ils voulaient la fouetter
 avec leurs sabots, pour en faire de la crème à la Chantilly.

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                                   Y-   *



   La cérémonie est annoncée pour midi. Il y a une heure au moins
que les piquets et les cordons de « carabiniers », de « bersaillers »
et de fantassins sont à leur poste, debout, l'arme aux pieds, avec
une patience à lasser la pluie elle-même ; les préparatifs sont tanj.
bien que mal terminés. Les drapeaux, les bannières, les oriflammes,
les draperies de nuances claires, pendent lamentablement sous
l'averse, comme les chemises que les lavandières retirent de l'eau.