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                        LA REVUE LYONNAISE
donner cet avis que vous ferez bien de garder par devers vous sans le répandre
indiscrettement. Vous verrez en M. Le Ragois un homme sage, de bonne mine,
parlant bien, qui reconnoitra vos défauts et vous enseignera le moien sûr de les
corriger. Ecoutez ses conseils, recevez les avec docilité, j'ose vous prédire que
vous deviendrez heureux si vous savez en profiter. Adieu, ne montrez cette
lettre à personne, votre mère vous embrasse, vos sœurs se recommandent à
vous, j'en fais autant et suis votre très affectionné père.



                                       III
                                                    A Dijon, le 8 juillet 1706,
   Si j'ai différé jusqu'ici, mon fils, à vous faire tenir les derniers six mois de
votre pension, soiez, je vous prie, persuadé que ce n'est pas ma faute. Une
fluxion que j'ai sur les pieds depuis quinze jours, et de laquelle je ne suis pas
encore tout à fait guéri ne me permettant pas d'aller chez le sieur Robert, épi-
cier, je lui fis parler dès le premier de ce mois pour savoir de lui s'il pourrait
me fournir la petite lettre de change dont j'avois besoin. Sa réponse fut qu'il
n'avait alors nul argent à Bar-sur-Aube. Cette voie sur laquelle je comptois
m'ayant manqué, j'ai été obligé d'en chercher d'autres. M. Quillot de St.-Nico-
las à qui je me suis adressé et qui m'avait promis de me trouver dans peu une
occasion vient de m'avertir qu'il alloit incessamment vous faire toucher vos
dix-huit francs par un M. Martinot, marchand, qui part d'ici aujourd'hui pour
Bar-sur-Aube. Lorsque vous aurez reçu cette somme, ne manquez pas de m'en
donner avis incontinent, afin que je sois en repos là-dessus. Instruisez-moi par
la même poste de l'état de vos études, du nombre de vos sermons, si votre
mémoire vous sert toujours avec succès, si vous estes satisfait du séjour où vous
estes, et si vous jouissez d'une parfaite santé. Votre mère, votre frère et vos
sœurs vous la souhaitent telle. J'en fais autant et suis votre très affectionné
père.
                                                    DE LA MONNOYE.

 Mes respects au R, P. Quillot, votre gardien.
 Depuis cette lettre écrite et même fermée, j'ai été obligé de l'ouvrir pour y
mettre la ci-jointe, en vertu de laquelle vous toucherez dans le moment par les
mains de M. Du Bois la somme y mentionnée.




                                        IV
                                                  Ce raécredi, 11 janvier 170S.
   Quoique je ne reçoive pas souvent de vos nouvelles, mon fils, et que vous en
receviez encore plus rarement des miennes, nous ne laissons pas néanmoins de
conserver avec soin le souvenir l'un de l'autre. Votre bon naturel m'est garant
que vous ne m'oubliez pas dans vos prières. De votre côté vous devez estre per-
suadé qu'il suffit que j'aie la qualité de père pour ne pas vous négliger. Le long
silence n'est pas toujours un effet de l'indifférence, c'en est souvent un d'une
confiance réciproque. A quoi dans le fond pourroient nous servir des lettres fré-