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2                       LA REVUE LYONNAISE
concours de l'Académie française, qui le couronna cinq ou six
fois de suite, une renommée dont il ne s'enorgueillit jamais. Ses
succès avaient été si brillants et si incontestés, que l'Académie, dit-
on, le pria de ne plus concourir afin de ne pas décourager ses rivaux.
Elle l'admit elle-même dans ses rangs en 1713, à la place de Régnier-
Desmarais, moins pour lui interdire de triompher encore que pour
couronner une vie consacrée tout entière au culte des lettres.
   Cette gloire précoce ne fut pas étrangère à sa fortune. Le 6 fé-
vrier 1672, il était pourvu à la Chambre des Comptes de Bourgogne
d'un office de correcteur qui était vacant par la mort de F r a n -
çois Grillot, et prenait possession de sa charge le 11 mars sui-
vant 1 . Trois années après, il épousait Claudine Henriot, fille d'un
officier k la chancellerie du palais, qui devint plus tard receveur des
finances de cette province. Quatre enfants naquirent de cette union
demeurée constamment heureuse;l'aisance, la sérénité, le bonheur
semblaient si indissolublement liés à sa maison qu'il se crut un jour
assez riche pour jouir en paix de sa liberté; en 1696, il résigna ses
fonctions en faveur de Bernard Joly, et ne songea plus qu'à
étendre sa réputation dans le monde littéraire. Il devint, sinon le
centre, au moins l'un des membres les plus influents et les plus
admirés de ce cénacle bourguignon, véritable foyer de saine érudi-
tion et de dilettantisme classique, où se groupaient l'abbé Nicaise,
le P. Oudin, aussi versé dans les sciences que dans les belles-
lettres, qui connaissait six langues et correspondait, comme Nicaise,
avec toutes les célébrités de l'Europe, le président Bouhier, l'abbé
Papillon, les conseillers au Parlement Dumay, delà Mare etLantin,
l'avocat Michault, dom Aubrey, religieux à l'abbaye de saint
Bénigne, etc.; presque tous le reconnaissaient pour un maître;
aucun d'eux n'hésitait à se dire son ami. La publication des Noëls
bourguignons, qui mit en relief son tour d'esprit si finement
gaulois, ne rehaussa pas son mérite, mais elle accrut sa popularité,
depuis consacrée par vingt éditions de ces poèmes piquants et hu-
moristiques. Si Racine déclarait lui-même ne pouvoir égaler sa
 Traduction de la glose de sainte Thérèse, une œuvre pourtant

    1
      V. l'Armoriai de la Chambre des comptes de Dijon, par M. J. d'Arbaumont,
1!. 303. La bibliothèque de la ville de Dijon Conserve aussi des documents inédits
s
  ur la Monuoye.