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290                  VINGT-SEPT ANNÉES

tains officiers; stérilité des enquêtes parlementaires; manque
complet de vrais colons; défaut de suite dans les opérations
administratives et militaires; effrayante mortalité parmi des
contingents trop jeunes et mal acclimatés; règne général
du « tohu-bohu » (en 1846, après la Smalah et l'Isly!);
insuffisance des approvisionnements en vivres et en vête-
ments; envoi de mulets de trait dans un pays où il fau-
drait des bêtes de bât (en 1846 aussi, après seize ans d'expé-
rience) ; progrès croissants de l'indiscipline ; éparpiUement
et épuisement des troupes, au point qu'un escadron de
spahis se voit réduit à trois hommes;... illusoire soumission
des indigènes, qui ont l'éternelle volonté de recommencer
la lutte, comme les Saxons de Charlemagne : voilà ce que
l'on trouve d'un bout à l'autre » du premier volume des
Lettres adressées au général deCastellane. Que dans ces cri-
tiques il y ait de l'exagération, c'est possible, vraisemblable,
certain même ; mais elles contiennent une part de vérité,
dont il faudra désormais tenir compte, sous peine de ne pas
être impartial.
   Ce qui est plus grave que le reste, c'est l'abaissement du
sens moral et militaire parmi les soldats et les officiers
d'Afrique, abaissement que constate en ces termes le capi-
taine Cler, I er juillet 1842 : « En France, il est encore
quelques individus qui regardent sincèrement l'Afrique
comme une bonne école de guerre. Je diffère d'opinion
avec eux, et je crois que, si aujourd'hui une guerre euro-
péenne se déclarait, les régiments venant d'Afrique ne vau-
draient pas ceux qui sont restés en France. La guerre que
l'on lait maintenant en Algérie est tout exceptionnelle et
peut tout au plus être bonne pour ce pays : on ne suit
aucune des règles prescrites pour la grande comme pour la
petite guerre. La discipline est très relâchée; l'instruction