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ERREUR DE L'OPINION. 475 Etienne, ait fini par faire tout-à -fait oublier aux pèlerins venus d'Occident, le souvenir des lieux où s'était accompli, pendant tant de siècles, ce pieux acte de dévotion. Quoi qu'il en soit, nous allons essayer de fournir nos preuves. Si de nos jours il est incontestable que la porte de l'Est, qui s'ouvre sur la vallée de Josaphat et conduit les pèlerins sur le lieu réputé pour être le théâtre du premier martyre, a reçu le nom de Porte Saint-Etienne, ou de la Vierge Marie, il est une vérité non moins avérée, c'est qu'au temps de la première croisade, pendant toute la durée du royaume latin de Jérusalem et plus tard encore, il existait au nord de la cité sainte, comme de nos jours, une autre porte qu'on nom- mait indifféremment porte septentrionale ou porte de Saint- Etienne, voisine d'une église du même nom, ce qui est sin- gulièrement à remarquer. Cette dernière porte joua un grand rôle dans l'histoire des premières dispositions straté- giques des croisés, et de la prise d'assaut qui en fut le cou- ronnement. Tous les chroniqueurs du temps, sans exception, appliquent le nom de Saint-Etienne à l'unique porte regar- dant le nord dont ils fassent mention. Aucun ne le donne h la porte tournée à l'orient qui domine la vallée de Josaphat ou du Cédron, laquelle ils s'accordent tous à désigner sous le nom de porte de la vallée de Josaphat ou simplement de la Fallée. De cette désignation, successivement appliquée a deux portes dont l'orientation est si différente, il est depuis longtemps résulté une confusion, qui a fait faire fausse route a la plupart de ceux qui ont voulu se livrer a l'étude des pé- ripéties diverses du siège de Jérusalem entrepris par les premiers croisés. M. Michaud lui-même, le vénérable histo- rien des croisades, n'a pas été exempt de l'erreur commune; car dans sa lettre centième de la Correspondance d'Orient,