Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              MUSIQUE.                             85

musique. Il existe, accolée à cette église, une chapelle non sans
quelque renom et sans quelque valeur artistique. Fondée par
Guichard de Pavie, d'une famille marquante à Lyon par les em-
plois et la bienfaisance, elle fut la première consacrée à l'Imma-
culée-Conception. Sa voûte hardie est ornée de nervures fermées
par un écusson aux armes du fondateur. Ses murs jadis étaient
ornés de peintures dont on avait retrouvé les traces et qui ont
disparu sous un badigeon. Aux retombées de l'arc d'ouverture
sur l'église sont des niches du XVIe siècle fort curieuses par leur
sculpture coloriée. Cet arc a été bouché aux trois quarts par un
buffet d'orgue. Tant pis pour les peintures de Flandrin qui l'a-
voisinent et que l'on ne peut plus voir; tant pis pour les niches
que l'on a mutilées afin d'asseoir la charpente ; j'allais dire, tant-
pis pour les oreilles des fidèles qui ne s'ouvriront plus aux chants
sacrés de la messe et des vêpres, mais ce n'est pas là mon sujet,
j'ai assez rabâché de doléances sur cette transformation des églises
en salles de concerts... on ne pouvait, dit-on, trouver une autre
place pour l'orgue, je le crois sans peine; Ah\ay, comme toutes
les anciennes églises du diocèse, n'avait pas été construit pour
recevoir cet appendice prohibé par l'usage et les règles de seize
siècles, pas plus que Saint-Jean, Saint Wizier et Saint-Bonaven-
ture pour avoir une toiture aiguë. Aujourd'hui les rites sont
réglés, non par des anciens statuts du Chapitre, mais par des
musicomanes. Est-il donc indispensable de se faire enterrer en
musique, de se marier en musique et de tempérer par d'agréables
distractions musicales la gravité du saint Sacrifice ? L'éminent
architecte, qui a la surveillance de cette église, a cherché en
vain à détourner le fléau, il n'a réussi qu'à sauver l'église en
sacrifiant la chapelle. Je n'ai pas le courage après cela de parler
de la chaire qu'il a placée dans la nef, chaire raisonnable, étudiée
avec soin et d'un travail remarquable ; je ne puis la regarder qu'à
demi, l'œil droit l'admire, l'œil gauche entrevoit l'orgue et je
quitte la place. C'était bien la peine de défendre pied à pied la
liturgie lyonnaise, pour la saper en détail, en admettant une des
 choses qu'elle avait repoussées avec le plus d'insistance et de
raison.                                   MOREL DE VOLEUSE.