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TJC-TAC. 497 de vaines chimères et se plaisent à bâtir des châteaux en Espagne. Dès qu'elle lut clairement en elle-même, son parti fut pris. — Beau-père, dit-elle à Anselme, sans autre préambule, ne connaîtriez-vous point dans le pays un honnête garçon, pas trop laid, pas trop vieux, un peu instruit, de bon caractère et de bonne renommée qui voulût être votre associé ? — Quelle mouche vous pique ? ai-je besoin d'un associé ? — C'est que ce serait pour me marier. — Vous marier, et pourquoi ? dit Anselme que la stupéfaction rendait naïf. — Mais, beau-père... pour n'être plus seule. — Nous ne sommes donc rien, nous? — Pardon! mais vous n'êtes pas un mari. — Grande effrontée ! hurla dame Sophie, dont la fureur écla - tait enfin. Henriette la regarda bien en face avec un sourire un peu mo- queur et haussa les épaules. La mégère se replia sur elle-même comme une vipère prête à mordre. — Eh bien ! beau-père, en quoi mon désir vous étonne-t-il ? Ne suis-je pas en âge et ma mère ne m'a-t-elle pas recommandé... — Votre mère était une folle... mais moi je suis votre tuteur, et en qualité de tuteur, je m'oppose .. car je suis votre tuteur... - Vous insultez la femme qui vous a mis le pain dans la main, s'écria Henriette, pâle d'indignation. Vous êtes mon tuteur, je le sais bien, et sans cela je ne vous aurais pas consulté. Allez, maître Anselme ! allez, dame Sophie ! je n'ai jamais été votre dupe. Ne me cherchez point de mari... Aussi bien, je ne vou- drais pas d'un homme choisi par vous... Mais dans trois mois je serai majeure; j'attendrai jusque-là pour donner commission à d'autres. DES ESSARTS. {A continuer). 32