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474 ERREUR DE L'OPINION. honorer la mémoire de notre saint martyr, sur un point fort distant des lieux où s'était accompli ce premier témoignage de soumission a la foi nouvelle. Bientôt d'itératives recher- ches à la Bibliothèque impériale, particulièrement dans le département des manuscrits anciens, dont le conservateur eut la plus entière obligeance de m'ouvrir les trésors, mirent a ma disposition les documents les plus authentiques et je dois dire les moins consultés. L'étude a laquelle je me livrai ne fit que fortifier mes premières convictions ; et de ce second travail fondu avec le précédent résulta celui que je présente aujourd'hui, heureux s'il m'est donné d'apprendre qu'une critique éclairée est enfin venue faire justice d'une erreur obstinée et plusieurs fois séculaire. Que, si l'on me demande a quelle cause il convient d'attribuer ce singulier revirement de l'opinion qui, a une époque restée inconnue du Moyen-Age, a pu conduire les pèlerins chrétiens à se porter a l'orient de Jérusalem pour témoigner de leur véné- ration pour la mémoire du premier martyr, pendant que jusque-là dans le cours des siècles précédents, et dans un temps plus voisin de la fondation du christianisme, ils allaient se prosterner sur un point fort éloigné, vers le nord, pour accomplir le même devoir de dévotion, je répondrai que je l'ignore. Peut-être la clé de cette singulière difficulté se trouve-t-elle dans les susceptibilités ombrageuses des maî- tres musulmans de la cité sainte, qui pouvaient, à certaines époques, se croire intéressés à interdire aux chrétiens les communications par la porte du nord, comme déjà cela était arrivé ailleurs, ainsi que nous le verrons plus loin. Dans ce cas,. obligés de se transporter sur un autre point à l'orient de la ville, il n'est pas difficile d'admettre qu'à la suite des temps, les traditions anciennes se sont obscurcies, et que le côté où l'on allait chaque année se prosterner sur le point que l'on croyait être le lieu du martyre de saint