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432               LES DERNIERS CARL0V1NGIENS.

Par un raisonnement analogue tous les actes datés de l'an XXXI il
à XL rentrent forcément dans les années 978 à 986, dernière du
règne de Lothaire. Il n'y a pas moyen de placer ces actes en deçà
ni au delà. C'est encore un point incontestable. Restent donc les
actes datés de l'an IX à l'an XXXIà , dont on peut contester la
précision. Mais nous avons encore ici un point de repère. Nous
avons vu qu'on avait compté régulièrement des années 954 à 962,
même en Bourgogne, seul pays où on ait admis plus tard le sys-
tème rétroactif. Evidemment les notaires ne se sont pas arrêtés
à l'an 962 dans l'emploi du calcul primitif , car il ne s'est rien
produit à cette date qui ait pu le faire abandonner. Ils ont con-
tinué encore pendant quelques années , et plusieurs même pen-
dant tout le règne de Lothaire, à suivre le vieux système. C'est
ce que démontre une masse de nos chartes dont les dates sont
précisées par d'autres indices chronologiques que les années du
règne. Or ces chartes nous conduisent avec l'an XXXIJ jusqu'en
985. D'autres notaires, il est vrai, ont commencé à se servir du
nouveau système dès l'an 978 ; mais ici la confusion n'est pas
possible, par suite d'un hasard heureux, qui fait que Lothaire
est mort précisément huit ans après, et que les chiffres adoptés
par les novateurs ne peuvent se confondre avec ceux des parti-
sans du vieux système. En effet , les uns partent du chiffre
même auquel les autres s'arrêtent. Je m'explique : Si Lothaire
eût vécu après l'an 986, les partisans de l'ancien système au-
raient daté les actes postérieurs des années XXXIII et suivan-
tes, et ces dates se seraient confondues avec celles des novateurs,
qui font partir l'an XXXIII de 978. Mais cela heureusement n'a
pas eu lieu. Il n'y a donc dans cette occasion pas d'autres diffi-
cultés que celles inhérentes au système de comput des années
suivi au moyen âge.
   Quoi qu'il en soit, au reste, de ce raisonnement sur les dates
des chartes en question, il ressort évidemment de ces. pièces la
preuve que Lothaire avait reçu le titre de roi de Bourgogne
avant son jeune frère Charles , et que, l'égoïsme aidant, il put
se croire le droit de dépouiller celui-ci d'un titre qu'il considé-
rait comme lui appartenant à lui-même depuis longtemps , en