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428                LES DERNIERS CARLOVINGIENS.
avec son frère (Lothaire), contre la coutume de ce temps, tant
à cause de son bas âge que parce qu'il ne restait plus alors au roi
de France aucune ville en propre que Reims et Laon. »
   Ils insistent encore plus sur ce sujet dans leur 3 e édition , à
l'article de Lothaire : « Charles, son frère, disent-ils (t. 1, p. 564),
contre l'usage, n'eut, comme on l'a d i t , aucune part dans le
royaume, et dès lors commença à s'établir la loi qui adjuge la
couronne à un seul prince du sang royal. »
   On voit que les Bénédictins se sont trompés doublement. Si
Charles n'eut point de part à l'héritage paternel, et cela contre
la coutume de ce temps, ce n'est ni parce que ce prince était trop
jeune, ni parce que le roi Louis d'Outremer n'avait plus que deux
villes en propre (de telles considérations n'arrêtaient pas alors),
mais parce que Lothaire, comme nous venons de le voir, dé-
 pouilla son jeune frère, aussitôt après la mort de leur père com-
 mun, de l'apanage qui lui avait été attribué par celui-ci de son
 vivant.
   En effet, il ressort des termes de la dernière charte que Char-
les fut reconnu roi pendant quelque temps dans le pays dont dé-
pendait Cluny, où cet acte a été rédigé. 11 faut donc en conclure,
comme je l'ai fait, que Louis d'Outremer avait, avant sa mort (qui
arriva par accident, le 16 septembre 954), conféré à son second
fils le titre de roi dans la portion de la Bourgogne qui ressortis-
sait à sa couronne, c'est-à-dire dans le duché de ce nom, que les
rois de France étaient parvenus à arracher aux successeurs de
Boson. C'était comme un témoignage de gratitude envers ce
pays, qui avait été le plus fidèle au pauvre Louis d'Outremer
dans ses malheurs. C'est ainsi que nous avons vu de nos jours
donner à un jeune prince, par reconnaissance dynastique, le nom
de duc de Bordeaux, qui n'a aucune origine féodale.
    A l'appui de ma conjecture , je citerai quelques faits dignes
de fixer sérieusement l'attention.
    1 ° L'empressement que mit Lothaire à recevoir le serment des
seigneurs de Bourgogne , aussitôt après la mort de son père , à
l'instigation de Hugues le Blanc, duc de Bourgogne, qui crai-
gnait de perdre son influence dans ce pays si on reconnaissait un