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LE CHATEAU DE CLÉPÉ. 407 sieur Nicolas de Villeneuve, paroisse de Chambéon, et fut consommé dans cette journée. Nous pouvons juger par là de l'importance de la maison que la duchesse Anne entretenait à Clépé, de l'animation et de la richesse que sa présence devait procurer à ce petit village. Dans les prix des objets acquis pour la table de la du- chesse, le lecteur aura sans doute remarqué qu'un pain de sucre de 9 livres était payé 4 livres 10 sous, taudis qu'un bœuf, dont le poids non indiqué ne saurait être inférieur a cinq cents livres, était payé 8 a 9 livres. Une livre de sucre coûtait donc, en 1409, environ trente fois plus qu'une livre de viande. Une poule coûtait trois fois plus qu'une livre de bœuf, cette dernière proportion subsiste encore. A la mort de la duchesse Anne, vers 1416, le château de Clépé fut abandonné par Marie de Berry, nièce du roi Charles V, qui gouverna le comté de Forez en l'absence de Jean de Bourbon, son mari, prisonnier des Anglais depuis la malheureuse journée d'Azincourt. Elle avait fixé sa rési- dence au château de Sury-le-Bois, situé a 3 kilomètres au matin de Feurs. Elle préféra les forêts marécageuses et tristes de cette partie de la plaine, plus en rapport sans doute avec les tristesses de son esprit, au riant plateau de Clépé. Dès lors finirent les beaux jours de ce petit village. Le château fut abandonné à un intendant et redevint ce qu'il était auparavant, un château-fort qui dut plus d'une fois disputer le passage de la Loire aux divers partis, ligueurs, huguenots ou catholiques, qui se pourchassèrent en notre province. Toutefois, en 1452, on y discuta et arrêta le mariage du dauphin, qui fut depuis Louis !X, fils de Charles VII, avec Charlotte de Savoie. Le roi de France fut logé à Feurs, et le duc de Savoie au château de Clépé. Ce château se para pour