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                     ENLÈVEMENT
                                   DES



TABLEAUX DU MUSÉE DE LYON
                          EN 1815 (1).



  Pour en revenir au tableau de Révoil, il eut, hélas ! une
existence bien courte et une triste fin. Cette toile capitale,
sur laquelle, 1 artiste noblement inspiré, avait dû concentrer
toute son âme et tout son talent, fut, en effet, arrachée de
son cadre, en 1814, par ordre supérieur, et mise en pièces
dans la cour du Palais-des-Arts , en compagnie du tableau
de Gallais et d'une autre toile (le portrait de l'Empereur d'a-
près Gros), d'une moindre valeur, qui partagèrent son sort.
Après quoi, ces débris informes furent brûlés dans la che-
minée delà salle qu'on affecta depuis à la Chambre de com-
merce, en présence de MM. Hodieu, secrétaire de la mairie
de Lyon, et Artaud, conservateur du Musée, et du sieur
Berger,concierge (2).
  Fort heureusement cet acte de vandalisme n'anéantit pas
complètement l'œuvre de Révoil. Le peintre nous a laissé
un fort beau dessin de la Fille de Lyon relevée de ses ruines,
que lui-même a exécuté au lavis combiné avec l'estompe et
   (1) Revue du mois d'avril 1867.
   (2) Éloge historique de Pierre Révoil, par E.-C. Martin-Daussigny ;
Lyon, Barret, 1842, in-8' de 32 p. Un témoin oculaire, digne de foi, m'a
rapporté qu'un royaliste enragé avait fait subir un premier outrage à ce
tableau, en le crevant d'un coup d'épée. Mais, justement indigné de cet
acte de vandalisme, un patriote qui vint à rencontrer le coupable, Sur le
pont Tilsitt, le désarma et brisa son épée sur son genou.