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ÉTUDE SUR L'AFRICAINE Opéra en cinq actes PAR SCRIBE ET MEYERBEER L'apparition de l'Africaine sur nos scènes lyriques a été plus qu'un événement artistique. Ce chef-d'œuvre si annon- cé, si attendu, si désiré et aussi très-contesté, avait surex- cité la curiosité du public. L'émotion qu'a produite sa réus- site complète, surtout en province, s'est étendue au loin et a remué les petites villes et même les villages. Ce n'est pas du reste le premier opéra qui, à peine écouté par les Parisiens, leur est ensuite en quelque sorte imposé par tfn succès provincial, par une consécration éminemment française ; Faust de M. Gounod a été dans ce cas, et je crois que bien des ouvrages, que les directeurs de théâtre ont dédaignés à cause de leur peu de succès devant l'aréopage de la presse parisienne, auraient pu fournir une carrière honorable devant un public sans préventions musicales et dont le goût s'épure constamment. Car c'est un fait dont il faut bien tenir compte, l'amour de la musique a pénétré partout. Dans quelque temps nous ne le céderons en rien a l'Allemagne,où tout le monde est mu- sicien. Aussi ce n'est pas le public ordinaire qui a fait réus- sir l'Africaine, c'est un public neuf, impressionnable, naïf même, et qui, sans parti pris, s'est laissé dominer par le grandiose de la conception de Meyerbeer. Et ce public ac- couru de la banlieue a été plus touché du septuor, du grand duo du 4« acte qu'émerveillé des splendeurs de la fête in-