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                 DU CHEVALIER DE BOUFFLERS.                   323

   LA COMTESSE. M. de Lornange ne devait pas pénétrer chez vo-
tre ami. N'avez-vous pas une épée et ne savez-vous pas vous en
servir ?
    LE MARQUIS (sérieusementet en appuyant). Pardon, comtesse ,
je sais me servir de mon épée et je l'ai prouvé maintes fois, Dieu
merci ; mais si je ne crains pas le danger , je crains sin-
 gulièrement le ridicule, et je ne désire nullement devenir la
 fable de la ville en me faisant le Don Quichotte des petites
laitières qui laissent casser leur pot au lait par M. de
Boufflers. On n'aurait pas manqué, veuillez le remarquer, de me
croire intéressé dans la question et peut-être des eclaboussures
de tout ceci auraient-elles pu rejaillir jusque sur une personne
dont la réputation m'est plus chère encore que la mienne. Voilà,
comtesse, puisque vous desirez le savoir , pourquoi je n'ai pas
tiré l'cpée, bien que j'en eusse un instant quelque démangeaison,
je vous l'avoue.
                            SCÈNE I I .


LES PRÉCÉDENTS, BOUFFLERS. (Il tient un carton à la main.)

   BOUFFLERS (saluant la comtesse). Madame... {au marquis) je
te cherchais, marquis, j'ai bsoin de ton office.
   LE MARQUIS. Tout à ton service; de quoi s'agit-il?
   BOUFFLERS. Peu de chose... mais je désirerais      parlci'
seul à seul, je craindrais d'importuner madame.
   LA COMTESSE (vivement). Vous vous battez avec M. de Lor-
nange !
   BOUFFLERS. Qui a pu vous dire ?
    LA COMTESSE. Le marquis m'a tout raconté (avec une émotion
contenue). M. de Lornange a vu ce portrait ?
    BOUFFLERS. Non, madame, grâce au ciel je suis arrivé à temps,
j'ai saisi le carton au moment où on allait l'ouvrir... C'est heu-
reux pour le vicomte. [Il porte la main à son épée.)
    LA COMTESSE (se laissant tomber sur le canapé). Je suis sauvée.
 LE MARQUIS (à part). Comme elle est émue !
    BOUFFLERS. Je puis être léger, madame, je puis ne pas calculer
d'avance, la portée de mes paroles, de mes écrits, mais lorsque je




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