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320                       UNE AVENTURE


                            A C T E II
                        SCÈNE PREMIÈRE.

               LE MARQUIS, puis LA COMTESSE.

Le marquis entre a"un air rêveur et garde quelques instants le
                           silence.
   LE MARQUIS. Boufflers sort d'ici tout ému, tout égaré ; il court
comme un fou et manque de me renverser en descendant le per-
ron que je montais. Je l'arrête, je lui demande les causes de cette
agitation : « Je l'ai retrouvée, s'écrie-t-il ! » — « Qui? » — >
« Aline, ce n'est pas une paysanne. » — « Qu'est-ce donc alors? »
— « C'est... c'est... » Il s'interrompt, me regarde d'un air tout
singulier. « Ce n'est rien... je ne sais... ce n'est pas vrai au
moins, ne va pas t'imaginer... à bientôt, au revoir, marquis. »
Il me plante là et il court encore. Que diable signifie tout ceci ?
— Ce n'est pas que j'aille me forger des imaginations et être ja-
loux, oh ! non ; mais il y a là dessous quelque chose que je ne
comprends pas. (Apercevant la comtesse qui entre sans le remar-
quer.) La comtesse,        elle me paraît bien rêveuse, bien ab-
sorbée dans ses méditations. (Il la salue cérémonieusement.)
   LA COMTESSE. VOUS êtes là, marquis, je ne vous avais pas
aperçu.
   LE MARQUIS. Je regrette, comtesse, de n'avoir pu vous éviter
la visite du chevalier, je ne l'ai pas rencontré à son hôtel.
   LA COMTESSE. Il est vrai, marquis, mais je ne vous en veux
pas, il n'y a pas de votre faute.
   LE MARQUIS. Sa visite a été longue?
   LA COMTESSE. Mais... non,- je ne crois pas, je ne sais pas.
   LE MARQUIS. Ne l'avez-vous point trop maltraité, comtesse?
Vous étiez tantôt si fort irritée contre lui !
   LA COMTESSE. Moi le maltraiter, mais de quel droit, je vous
prie, suis-je donc chargée de régenter M. de Boufflers ?
   LE MARQUIS. Excusez-moi, j'ai pu croire... Il avait l'air si
agité, si hors de lui-même en sortant d'ici. D'où pouvaient venir
de pareils transports ?