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318 UNE AVENTURE jupon et, Dieu me pardonne, la même taille, la même tournure. Oh! sur ma foi je deviens fou ! partout, toujours je crois la voir. Il n'y a qu'un instant je retrouvais ses traits dans ceux de la comtesse, et voici qu'à présent je crois revoir son costume, sa taille... Oh! Aline! o h ! Aline! ALINE. Monsieur m'appelle? BOUFFLERS. (Vivement et ta dévorait.!, des yeux). Tu t'appelles Aline ? ALINE. Pour vous servir, monsieur. BOUFFLERS. Et tues de la Lorraine? ALINE. DU bourg de Blamont, à deux lieues de Nancy. BOUFFLERS. L'été dernier tu étais encore dans ton village? ALINE. Pas au village, mais au château de Blamont, chez la tante de-madame la comtesse. BOUFFLERS. TU allais le matin traire les vaches? •ALINE. Non, les brebis et les chèvres, s'il vous plaît. BOUFFLERS. Les vaches, les brebis, peu importe... Un pot au lait sur la tête tu traversais un vallon, ALINE. Le Val-Joli, monsieur. BOUFFLERS. Et là lu rencontrais parfois des passants, des chas- seurs ? ALINE. Pas souvent, le pays est assez désert Tiens, seriez- vous le beau cavalier que j'ai vu un jour avec des chiens et un cheval noir? J'en parlais encore ce matin à madame la comtesse. BOUFFLERS. TU n'en as que trop parlé, petite babillarde ! [A part.) C'est elle, il n'y a pas à en douter. [Haut.) Avance donc un peu par ici que je te voie. Comment, c'est toi, mais là vraiment, c'est toi? ALINE. Mais oui, c'est moi... BOUFFLERS. Sais tu bien que je ne te reconnais pas du tout, il me semble que je ne t'ai jamais vue ; et toi me reconnais-tu ? ALINE (riant). Mais non, comment voulez-vous que je vous reconnaisse. (A part.) Est-il singulier avec ses interrogations, et de quels yeux il me regarde ! Il me ferait peur s'il n'était pas aussi joli garçon. BOUFFLERS. La comtesse avait raison, je m'étais créé une Aline