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30i                      UNE AVENTURE

n'ai jamais connu l'affection, la tendresse, les petits soins char-
mants qu'un mari bien épris doit avoir pour sa femme. Dans le
cours de mes trois ans de veuvage , j'ai refusé bien des partis
brillants, et si je choisis le marquis, ce n'est peut-être pas que de
tous les hommes qui m'ont courtisée, il soit celui qui me plairait
le plus, mais c'est parce que j'ai la conviction que de tous c'est
celui qui m'aime davantage.
   ALINE. Tiens, c'est drôle, ce que dit là madame la Comtesse,
je ne saurais pas distinguer ainsi... André me plaît le mieux,
parce qu'il m'aime le plus , et s'il m'aimait moins, il ne me plai-
rait pas autant,
   (A l'entrée du marquis, Aline va prendre sur la console les vases
          à fleurs et les emporte pour les garnir).
                             SCÈNE n.

                 LA COMTESSE, LE MARQUIS.
   Le MARQUIS. Mille pardons, belle dame, si je me présente sans
me faire annoncer, mais je me considère un peu comme chez
moi.
   La COMTESSE. A votre aise, marquis, vous êtes d'un sans-gêne !
   Le MARQUIS. Cette méchante migraine qui tourmentait hier ce
front charmant, est-elle bien partie ?
   La COMTESSE. Oui, marquis, ce front charmant est débarrassé
de la migraine.... mais vous, ne débarrasserez-vous jamais votre
langage de ces fades épithètes que je déteste ?.. Qu'avez vous fait
de votre soirée ?
   Le MARQUIS. Je suis allé chez la baronne de Givray, que je
n'avais pas visitée depuis un siècle.
   La COMTESSE. Qui avez-vous vu chez la baronne ?
   Le MARQUIS. Mais un peu tout le monde, car la foule était
grande. On attendait quelqu'un , une célébrité... devinez qui...
je vous le donne en cent, je vous le donne en mille...
   La COMTESSE. J'y renonce, dites de suite.
   Le MARQUIS. Mon ami le chevalier de Boufflers.
   La COMTESSE. Un de vos mauvais sujets, de vos roués, comme
vous les appelez,