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258                           POÉSIE.

          Quand, après un trop long voyage,
           A sonné l'heure du retour,
          Au seul aspect du paysage,
           Tes enfants tressaillent d'amour.
          Ils reconnaissent tes domaines,
          Dès qu'à leurs regards attendris,
          Sous les châtaigniers et les chênes,
           Ondulent tes vallons fleuris.
      Si je ne devais plus te revoir, je mourrais,
          Mon doux pays, doux pays de Forez.

           Dès l'an mil, plus d'un grave apôtre,
           Dans une main portant la croix,
           L'araure (1) ou la hache dans l'autre,
           Est venu défricher tes bois.
           Redites-nous leur vie austère,
          Valbenoîte, Ambierle, Charlieu,
           Et toi que saint Bernard, ton père,
           Baptisa : La Bénissons-Dieu !
      Si je ne devai« plus te revoir, je mourrais,
           Mon doux pays, doux pays de Forez.

          Des souvenirs de tous les âges
          Sur ton sol fécond sont épars.
          On retrouve, en tes pâturages,
          La voie où marchaient les Césars.
          De même qu'au temps de l'Astrée,
          Le frais et doux-coulant (2) Lignon

  (i) "Vieux nom de la charrue, notamment en pays de Forez.
Araure ou araire vient à'arare : labourer , suivant les latinistes ;
d'arar, charrue, suivant les celtistes.
  Ar, en gallois, signifie terre labourable. Le glossaire breton
du IX e siècle donne : aradar, charrue. Le latin n'a rien à voir là.
  (2) Honoré d'Urphé donne cette épithète, parfaitement juste,
au Lignon, dans le premier chapitre de l'Astrée.