Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
222                     JACQUES DE VrNTIJlILLE.

dération prit aisément les allures plus vives de la cha-
rité : hâtons-nous de dire qu'il fut un de ceux qui contri-
buèrent à préserver la Bourgogne des horreurs de la
Saint-Barthélémy ; car c'est après avoir réuni, le 26.
août 1572, un conseil secret où Vintimille se trouvait,
avec Jeannin, avocat au parlement, et trois autres, que
Chabot de Cbarny, grand-écuyer de France, qui com-
mandait la province comme lieutenant-général, se refusa
à ordonner les massacres (1).
   L'Europe, malgré tant de sujets d^ inquiétude, avait
accueilli avec enthousiasme, au mois d'octobre 1571, la
nouvelle de l'éclatante victoire remportée sur les Turcs,
dans le golfe de Lépante, par les flottes de Philippe II,
du Pape et des Vénitiens, réunies sous le commandement
de Don Juan d'Autriche, fils naturel de Charles-Quint.
Vintimille prit sa part de l'allégresse générale : mais
son émotion fut d'autant plus profonde, que l'ennemi de
la chrétienté était en même temps l'ennemi particulier
de sa race. Non-seulement c'étaient les Turcs qui, cin-
quante ans auparavant, avaient massacré dans Rhodes
son père et ses oncles, versé le sang de sa mère et de son
bienfaiteur, causé la dispersion et la ruine de sa famille,
et qui l'avaient contraint à se réfugier sur la terre étran-
gère, dure extrémité, quoique cette terre fût la France !
mais c'étaient eux encore qui, dans le siècle précédent,
avaient ravi à ses ancêtres maternels le trône de Cons-
tantinople. Il composa sur l'anéantissement de leur flotte
un poème latin, qu'il dédia au Sénat et aupeuple de Venise


   (1) Voir les œuvres du président Jeannin. Ayant dû opiner le premier,
comme le plus jeune et le moins qualifié , Jeannin émit courageusemenl
l'avis, bientôt adopté par tout le Conseil, qu'il y avait lieu de résister aux
ordres du roi.