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A PROPOS DU MONT PILAT. 207 De la description, je ne dirai rien, un profane ne peut qu'en médire; pour l'histoire, c'est autre chose: je l'ai lue, relue, méditée (1). Combien miraculeuse, combien profitable est votre science! Autour de nous, sous nos pas, au-dessus de nos têtes, dans nos ruisseaux, au fond de nos sources, à même nos champs , nos prés , nos jardins, nos appar- tements , nos habits , nos meubles , vit, se développe, s'agite et se renouvelle une multitude incroyable, diverse, féconde, parée de la beauté des fleurs, de J ' é c l a t e l'au- rore, de la splendeur du jour, ou forcée d'endosser l'aspect des feuilles que la bise dessèche, des débris que l'âge déshonore; multitude qui, comme nous, a ses amours, ses sympathies, ses guerres , ses combats , ses conquêtes et (qui le croirait ?) ses annexions : témoin ce royaume des pucerons que s'annexe, l'été durant, l'empire des fourmis parcimonieuses. 0 merveille des merveilles! Ces faits et gestes qui nous prennent à nous des siècles et des décades , ne lui prennent à elle que des jours, des mois, une saison ! Elle y consacre pourtant le cours de plusieurs existences. Hélas ! mieux rétribuée que notre espèce, elle jouit de la faculté de parcourir deux, trois et quelquefois quatre degrés d'une métempsycose. Tel qui, parmi ce peuple , éclôt et nage au milieu des eaux, rival un instant de l'ablette, revit dans les airs, habillé comme un colibri, (1) Une autorité compétente, M. L. Pcrris, l'un de vos plus savants collègues , disait avant moi de cette histoire : « Ce que j'ai lu de plus remarquable en fait de généralités sur cotte grande famille (les Lamelli- cornes), c'est l'introduction de l'ouvrage de M. Mulsant.... I! est impos- sible de faire preuve, à la fois, de plus d'habileté et d'élégance comme écrivain, de plus de science comme entomologiste. » (Annal, de la Sociét. entomolog. de France, Sér. m, tom. 2, pag. 106).