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206                 LETTRE A M. MULSANT

passage en Gaule, eut une de ses stations primitives non
loin du Taurus et du Caucase, à l'ouest des grands em-
pires araméens du bassin de l'Euphrate et du Tigre ; et sa
langue, alors, reçut l'appellatif de « montagne » usitédans
ces empires, en même temps que beaucoup d'autres ap-
pellatifs des façons d'être de la nature extérieure. N'est-
ce pas de cette manière que les établissements français de
l'Algérie infusent, dans les idiomes indigènes de cette an-
cienne régence, une foule de termes appartenant à notre
 langue?
    Quant à vous détailler, par le menu, le nom et l'origine
 du peuple dont je parle, ce serait, je le crains, étendre
 outre mesure cette dissertation déjà passablement lon-
 gue. Trouvez bon que je me dispense de la besogne. Aussi
 bien, dois-je, si Dieu le permet, la reprendre autre part.
 Puis, cette recherche des problèmes les plus barbus delà
 science étymologique a je ne sais quoi de sérieux et d'aus-
 tère, qui pourrait effaroucher beaucoup de vos lecteurs et
 surtout de vos lectrices peu familiarisés, -ce que j'excuse du
reste, avec les graves-études de Bochart et de Bopp, de
 Grimm et de Burnouf. Ne les effarouchons donc point :
 n'a pas qui veut, Monsieur, des lecteurs et surtout des
 lectrices. Parlons plutôt de ce qui les charme et les at-
 tire: de vos Lettres à Julie, par exemple. Mais que di-
 rai-jede ce poétique prélude d'une œuvre immense, qui ne
 soit dans la pensée de tous ?
    Doué de la jeune vieillesse de Buffbn, lorsqu'il dictait
 ses Epoques de la nature, vous menez un labeur digne
 d'Hercule et pour la grandeur et pour l'utilité : cette
 œuvre entomologique que rien n'interrompt ni n'arrête.
 Vous nous donnez là, Monsieur , non-seulement la des-
 cription , mais aussi l'histoire d'un monde ignoré de la
 plupart d'entre nous , êtres frivoles que nous sommes !