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A PROPOS DU MONT PJLAT. 205 Chez les Latins : Palatium et Palantium, le Palatin, le mont à jamais célèbre où furent bâtis des plus beaux hexamètres du monde la divine Pallantée, nobile Pallanteum , et la royale cabane du bon Evandre, tecta pauperis Evan- dri (1). Chez les Celtes cymris : Bal, plur. balaoz et baloz, éminence , avancement, montagne terminée en pointe. Bala, plur. balaon, tout ce qui excède, saillie, proé- minence, rejeton, pousse de plante, d'où balon et ballon, montagne pyramidale , cime en pain de sucre, dans la chaîne des Vosges (2). Donc, sous les formes diverses pil, pet, bal, pal, l'élé- ment initial du mont Pilât sonne « montagne à sommet plus élevé ,ou plus aigu que les sommets environnants ». Vous revenez, Monsieur, de cette branche des Cévennes ; vous êtes plus que moi, qui ne l'ai pas vue, à même de savoir si mon étymologie s'accorde avec la nature. J'ose le croire. Vous allez me demander sans doute pourquoi le nom de certaines montagnes , dans notre vieille Eu- rope, s'est plutôt reyêtu de la forme sémitique pil que des formes aryennes bal, pal, etc. Ah! j'attendais votre question, ma réponse à la main : prêtez-moi donc un peu d'attention encore. Le peuple, quel qu'il soit, qui laissa ce pil ou phil comme une marque ineffaçable de son (1) Sur Palatium et Palantium, v. M. le duc de Luynes en son Nummus de Servius Tullius, p 17, édit. Ce sont, au surplus, deux foi mes d'un même nom amenées par les suffixes ate et ant ou anta, indo-européens l'un et l'autre. (2) Dans Pêlion, ballon, le suffixe on n'est qu'une différence de pronon- ciation des suffixes indo-européens ana, an, ai».