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202 LETTRE A M. MULSANT Hinc ad Tarpeiam sedem et Capitolia ducit. Quis dcus ? Incertum est. Habitat deus. Arcades ipsum Credunt se vidisse Jovem, cutn sœpè nigrantem OEgida concuteret dexlra, nimbosque cieret. « Il le mène aux monts Tarpeius et Capitole Un dieu y fait son sé- jour. Quoi dieu? on se le demande. Mais les Arcadiens prétendent y avoir vu Jupiter lui-même, bien des fois, comme il agitait sa noire égide et ap- pelait les nuées pluvieuses. » Virgile, /En., vm. Vous le voyez, Monsieur, le phénomène ne laisse pas d'avoir attiré de bonne heure l'attention des peuples ; il est vrai que les vieux Ausoniens, à la place d'un pétase, y virent Jupiter, le dieu des espaces atmosphériques, d'ac- cord en cela avec les Ioniens d'Homère qui croyaient y apercevoir Zéus, le roi du serein Olympe, avec les Aryas védiques qui s'imaginaient y entendre Indra, le maître sublime de la sphère étoilée, avec les Celtes enfin, nos aïeux, qui se flattaient d'y reconnaître les fantômes divi- nisés de leurs pères, ces Laoch neulach « héros vêtus de nuées » ou « tissus de météores » (1). Dans Ossian, le chef Nathos, près d'expirer, s'écrie : Darthula, dans nos tours antiques, Convie à tes banquets les filles des héros, Et que leurs voix mélancoliques Eternisent le nom du malheureux Nathos. Mais plus heureux si la harpe sonore Sous les doigts d'Ossian pleurait en mon honneur; Mon ombre alors, errante au sein d'un météore, S'enivrerait de joie et de bonheur. Baour-Lormian, Darthula. (1) Chez les Celtes d'Ossian, les âmes des ancêtresJÎse manifestaient dans tous les phénomènes atmosphériques : les nimbes vaporeux des mon- * »