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POÉSIE. 179 Pour le vieillard au front auguste Qui touche au seuil éternité ; Pour l'apôtre au mandat sublime Qui va, franchissant toute cime, Enseigner la paix et l'amour ; Pour les heureux que tout convie Aux délices de cette vie, Et que Dieu frappe au dernier jour ! 0 ! mon enfant voile ta face ! Dans l'ombre j'entends des clameurs; C'est l'orgie infâme qui passe Dépouillant toutes les pudeurs ! Prie, enfant, dans ton ignorance. La prière de l'innocence Est un parfum pour le pécheur : Ah ! laisse donc ta voix si tendre S'élever à Dieu pour défendre Ces réprouvés du doigt vengeur ! Et quand ton chant d'amour, comme un parfum suave Aura monté pour tous dans les brises du soir, Enfant, tu songeras qu'il est un peuple esclave, Qui languit ici-bas sans amis, sans espoir ! Et tu diras à Dieu dans l'élan de ton âme : « Seigneur vous êtes bon, Seigneur vous êtes grand ! « Que votre droite, ô Dieu ! brise le joug infâme « Rivé sur tant de fronts par la main du méchant ! » Louis OPPEPIN.