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CHRONIQUE LOCALE. 175 — Des bruits qui forment le concert universel le plus grand, le plus fort, le plus puissant, est celui de l'ouverture de la Chambre; il domine tout comme le tonnerre au milieu de l'orage; puis vient, comme un grand vent, celui de l'Exposition universelle; c'est sonore et solennel Au-dessous, tout bas. comme ces mille murmures qui animent la forêt et qui s'élèvent de chaque pied d'arbre, de chaque buisson, gazouillent les voix qui partent de chaque cité; c'est chez nous l'Exposition des Amis-des-Arts, toujours fréquentée, les cours des Facultés assidûment suivis, les conférences du dimanche qui font prime, le concert annuel de ia Fanfare lyonnaise dont le succès a montré quelle grande place cette institution tenait parmi nous, c'est le futur concert de l'Union chorale, c'est Martha, c'est le Prophète, c'est le Grand-Théâtre qui a retrouvé ses plus beaux jours, c'est un roi nègre qui joue Othello sur la scène des Célestins, c'est l'Africaine dont l'apparition prochaine émeut la ville, c'est la Vie parisienne dont la perpétuité tient plus au talent des acteurs qu'à celui des auteurs, c'est là .bas, dans un autre monde, un bal, une fête.de nuit, une féerie sans exemple à Lyon, preuve évidente que nous sommes en carnaval, ce dont nombre de gens pourraient douter. — On demande ce que deviennent les théâtres des Brotteaux et de la Guillotière ? — Plusieurs feuilles de la petite presse n'ont pas attendu les pro- chains événements pour disparaître. Le Pitre et le Sapeur n'existent plus. — Un joli volume vient de paraître. La librairie Hachette a fait imprimer à Lyon les Croquis égyptiens, journal d'un Touriste, par M. Emile Guiinet. Cette œuvre, écrite avec verve et gaîté, promène le lecteur à travers ce vieil empire des Pharaons que la civilisation envahit et dont l'Europe suit avec un si vif intérêt les destinées. L'auteur, en décrivant ces ruines célèbres, en rappelant les grands événements dont cette terre fut témoin, n'oublie jamais le petit grain de sel gaulois qui, en charmant le récit, maintient la sérénité sur le front du lecteur et le sourire sur ses lèvres. — Nous avons sous les yeux un autre livre que la maison Pélagaud a mis récemment en vente, et qui, écrit à Grenoble, rappelle des eontrées qui nous environnent. La Vie de 31. Rousselot, par M. le chanoine Auvergne, ajoute plus d'une page à l'histoire de la Révolution. Né en^Franche-Comté, proscrit, émigré, dès l'enfance, le jeune Rous- selot parcourt la Suisse, l'Allemagne, la Russie; il revient en France; habite Briancon , le Bourg-d'Oisans, la Côte-Saint-André, et enfin Grenoble, où il ineurt vicaire général. On ne peut suivre sans intérêt cette vie de labeurs et de vertus mêlée aux événements récents du diocèse. Son guide à travers l'Europe, l'illustre abbé de Lestranges, est mort en 1827 chez les Trappistin.es de Vaise; et son corps repose encore dans ce, dernier et pieux asile. — Un autre vénérable ecclésiastique du diocèse de Lyon a eu l'heu- reuse idée de faire l'histoire de son humble paroisse. La Notice histo- rique et descriptive sur la commune de Trêves, près Condrieu (Rhône) est le fruit des longues veillées, quand la neige couvre les montagnes et que le froid retient prisonniers les pauvres habitants. Qui connaît mieux son pays que le pasteur ? qui peut mieux que lui le décrire et rappeler les faits dont il a été témoin ? Que de trésors sauvés, que de faits rappelés si l'exemple de M. l'abbé Chavanne était suivi ! mœurs,