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EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS-DES-ARTS. 169 verte, la chambre proprette et la cuisine désolante des villes mo- dernes. Tout lui est bon ; il cherche les difficultés et les sur- monte. Les œuvres des Flamands n'ont rien perdu; au contraire, n'est-il pas à craindre que celles de M. Bail ne soient bientôt dé- modées el que le peu de pittoresque des sujets ne finisse par nuire aux qualités du peintre ? Un Changeur et une étude, par M. Gauthier. Début qui s'an- nonce d'une manière brillante. L'étude, simple tête de jeune fille, est d'une touche plus sûre, plus primesautiere. Dans le Changeur, il y a plus d'efforts, et ils étaient nécessaires afin d'ar- river à réaliser un type et donner une valeur suffisante à une grande toile. La tête est d'un bon caractère et les détails étudiés. Il faut féliciter M. Gauthier, de ne pas avoir cédé à de trop fré- quents exemples, en exposant comme tableau une simple po- chade d'atelier. De M. Salles, un portrait d'Italienne et un charmant petit poëme anacréontique intitulé : Juniola. Cet essaim de beautés est fort attrayant ; on pourrait néanmoins désirer plus de variété dans le galbe des figures, d'une correction un peu imaginaire et uniforme, mais cela est bien groupé et corrige comme un réactif salutaire les laideurs affectées de certaines écoles. M. Guiebard; professeur de l'école de Lyon, a fait jadis de grandes compositions, et il y a de sa part un grand désintéresse- ment à n'exposer qu'une bluette, comme son Far niente, un joli enfant couché sur des fleurs. Je mets l'Enfant prodigue de M. Tissot dans la classe des fa- céties et non dans celle des pièces historiques ou religieuses. En effet, il n'y a rien là d'historique, cet Enfant prodigue est tout bonnement un gandin du XIVe siècle. Quant à la partie morale et religieuse de la parabole, il n'en est pas question ; M. Tissot n'a trouvé en elle qu'un prétexte pour une imitation des vieux pein- tres ; imitation si exacte que l'on pourrait s'y méprendre chez un marchand de bric-à -brae. Il faut examiner un à un tous les per- sonnages, tous les détails de cette architecture fantastique, pour apprécier le talent et la minutieuse recherche des poses, des airs de tête, des maisons bizarres, des costumes impossibles. Il y a