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EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS-DES-ARTS. 16 S Voici par exemple un pâté qui n'attend qu'un gourmet pour le finir, et des faïences à tenter tous les collectionneurs. M. Carrey^a un rival cette année, M. Dupasquier, qui a traité une nature morte dans le même style, avec la même puissance et, je crois, plus de facilité ; son plat d'étain et ses oranges sont d'un modelé obtenus de prime à bord avec des touches larges et hardies. En regard, M. Dupasquier a comme contraste un vase de roses thé, un vrai bijou. M. Lays, une petite toile. On y retrouve toutes les qualités de ce fidèle disciple de la grande école de Saint-Jean. On a pu voir exposée chez lui une grande composition destinée à Paris, la Vierge aux roses, roses de toutes sortes, fraîches, humides de rosée, enlaçant leurs rameaux autour d'une madone. Cette œuvre est capitale, et n'est-ce point une erreur des artistes que de lancer ce qu'ils font de mieux dans ce tohu-bohu de l'Exposition univer- selle ? Ils y seront" perdus et noyés au milieu d'éléments dispa- rates. Qui sait si la bimbeloterie, les vêtements confectionnés, les chiens peut-être, n'auront pas aux yeux de la foule incongrue plus d'attrait que les choses d'art ? M. Pizzety brille comme toujours par la correction du dessin et • une ordonnance magistrale; MM. Reignier et Maisiat, par la finesse des détails et le charme du coloris. Au rebours de tant d'autres, M. Sicard a deux pastels plus importants que ses pré- cédents envois. Ce genre a moins d'éclat que la peinture à l'huile; je ne sais si pour la reproduction des fleurs et des fruits il n'est pas préférable, l'absence du miroitage inséparable du vernis, le moelleux des tons et des contours rendent bien mieux les gradations imperceptibles et infinies de la nature végétale, surtout quand le pastel est employé par une main exercée comme celle de M. Sicard. Citons encore parmi les fleuristes émérites, MM. Lépagnez, Bruyas, Biétrix, Rivoire, Mmes Cherpin et Wagner.