Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
164      EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS-DES-ARTS.

noir ; de l'éclat et une certaine sécheresse, imitation réussie de
la manière de Baptiste Monnoyer. Or, voici l'opinion d'un con-
naisseur sur cet artiste :
   « Le plus habile peintre de fleurs du siècle de Louis XIV est
sans contredit Jean-Baptiste Monnoyer dit Baptiste
   «          Ayant manqué de cette observation qu'exigent les
sciences naturelles, il est trop en arrière des connaissances aux-
quelles est parvenu le genre qu'il a traité
   « Vaii-Huysum, au contraire, est un de ces hommes rares qui
sut allier l'illusion à la plus profonde pénétration
   «          Il parvint à exprimer le caractère distinctif de chaque
fleur, en imitant la fraîcheur et les grâces fugitives qu'elles re-
çoivent des caresses de l'aurore et de ses douces rosées. Or,
Baptiste est bien éloigné d'avoir le charme qui tait aimer les
tableaux de fleurs. »
                  (Gault de Saint-Germain : Les trois siècles de la
                      peinture en France, j

   L'école de Van-Huysum était dignement représentée par Saint-
Jean. Ses collègues et ses élèves en ont continué la tradition
jusqu'à un certain point en cherchant surtout à grouper les fleurs
avec goût, en tenant compte de leurs formes et du contraste de
leurs nuances, en s'attachant à rendre la transparence et la
légèreté tout en ayant l'exactitude du botaniste, en leur donnant
un intérêt par l'adjonction de quelque idée morale ou de quelque
 sentiment. Parmi ces maîtres il en est qui surent se frayer une
autre voie et se montrer originaux, et cela sans abandonner la
noblesse de la composition et le fini du travail ; d'autres inclinant
vers le réalisme ont reproduit l'intensité'des couleurs, leurs
reflets, leurs ombres, et ils sont arrivés à de prodigieux résultats.
A cette catégorie appartiennent les peintres dits de nature morte,
qui peignent aussi volontiers un meuble ou un vase qu'unefleurou
un fruit ; tout cela n'est qu'un prétexte au clair-obscur et aux
recherches du ton vrai. Parmi eux M. Carrey est passé maître ;
on est étourdi de la puissance et de la magie de sa palette et de
la vérité palpable des objets qu'il fait poser devant le spectateur.