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148 LE SCARABÉE INDÉCHIFFRABLE.
déesse de l'amour et de la pourriture, être idéal qui sym-
bolise à la fois la force qui crée et celle qui détruit...
Mais yoilà que nos ânes ralentissent leur allure et se
mettent à escalader, non sans difficulté, le mur du grand
temple; les débris accumulés d'une brèche déjà ancienne
facilitent cette ascension. Arrivés au sommet, nous ne pre-
nons même pas le temps d'admirer cet amas de ruines
colossales, ce diluvium de portiques, de statues, d'obé-
lisques et de colonnes... Nos montures redescendent ra-
pidement la brèche et reprennent leur galop à travers les
colonnades monstrueuses.
Nous sommes dans l'intérieur du grand temple ; grâce
à l'ardeur de notre course, les bas-reliefs, les chapiteaux,
les chambres sacrées et les colosses de porphyre passent
à côté de nous comme des rêves. Nous allons toujours.
Les portiques succèdent aux portiques, les obélisques sui-
vent les obélisques, les colonnes forment des forêts que
nous traversons d'un galop échevelé.
Tout d'un coup l'habitant de Luxor arrête son âne, et
me dit:
— C'est ici !
Je descends et nous entrons dans un sanctuaire en
granit rose qui est venu s'emboîter je ne sais comment
dans un autre sanctuaire de grès dur de Silsileh, et qui
paraît être une réduction de celui qui l'enveloppe.
Arrivé au fond du sanctuaire, dont les murs sont cou-
verts d'inscriptions et de sujets religieux, mon guide tire
de dessous ses vastes habits une pioche et se met à creu-
ser dans le sable avec vigueur.
J'avais allumé une bougie et je ne tarde pas à voir sous
la pioche, qui s'agite sans relâche, l'entrée d'un souter-
rain.
Lorsque le sable est suffisamment déblayé, nous nous