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FONTAINES. 145 « Suis le lion qui ne mords poinct, « Si non quand l'ennemi me poingt, » se tient debout sur un plateau de rocher, entre les deux collines de Lyon crénelées des vieux aqueducs : tranquilles sous, sa protection, le Rhône et la Saône marient leurs ondes en un vaste courant qui envahit la vallée. Rien de plus. La grandeur de la conception est dans cette simpli- cité cyclopéenne. Qu'on se représente le rocher qui ter- mine vers le nord la colline de Fourvière, taillé en un lion immense qui semblerait défendre l'abord de sa cité : son aspect n'imprimerait-il pas le respect et l'admiration, et ne donnerait-il pas, dès l'abord, l'idée d'une grande et opulente cité, justement nommée la seconde capitale delà France ? C'est par un lion colossal, taillé dans un de ses rocs, que Lucerne, une petite ville de la Suisse, a éternisé la gloire de ses héros, martyrs de leur fidélité à nos rois. Quand Lyon aura fait assez pour sa propreté, pour son confort et ses intérêts prosaïques, dirait le satyrique que nous avons nommé, elle songera peut-être à sa gloire, et n'aura pas besoin d'aller chercher hors de ses murs des Thorwaldsen pour lui ériger ses Propylées. Telle est l'œuvre nouvelle de M. Chenavard : voilà l'es- quisse de ses esquisses, ou du moins voilà la réduction bien raccourcie, bien effacée, de ses cartons remplis de trésors. Nous avons entendu reprocher au talent de M. Chenavard d'être trop grec : autant vaudrait lui reprocher d'être trop lui-même. Quand on parcourt un autre de ses grands ouvrages, le Voyage en Grèce et dans le Levant, exécuté en 1843 (1) et complété en 1861, par les Vues d'Italie, de Sicile et d1 Istrie (2) ; quand on voit avec quel amour, quelle passion, le doyen de notre grande (1) 80 planches in-folio, texle imprimé par Louis Perrin, 1858. (2) 12 planches in-4°. 10 *