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140 FONTAINES. nous ce sont les sujets, les nymphées et les fontaines proprement dites. L'auteur rencontre-t-il dans la nature, ou dans sa riche mémoire, ou dans son imagination fertile, une source ignorée, un courant oublié, une nappe limpide, mais à demi-voilée par les roseaux, à l'instant, véritable Ovide, il anime et peuple le paysage qui l'entoure. L'humble source sort d'une grotte où dort un petit enfant, dont les deux frères jouent sur les bords humides. D'un pic de Thessalie, Hippocrène jaillit sous le bond de Pégase, et les Muses se rafraîchissent déj à dans son onde. Castalie épan- che ses flots avec mélancolie au pied des rochers de Delphes dépouillés et déserts. La fontaine intermittente coule de-l'urne d'une nymphe endormie, et un petit génie interroge son sablier pour deviner l'heure de son réveil. Au fond d'une forêt, dans l'étang où elle vient de forcer un cerf, Diane est surprise avec ses compagnes par l'im- prudent Actéon. M. Chenavard, dans les textes concis qui précèdent chacune de ses planches, nous avertit souvent que de tels sujets ne sont point faits pour être exécutés ; et je le crois sans peine à l'égard de Diane , si sou- vent représentée par la peinture. Il n'y a plus de Louis XIV capable de peupler de bronzes un nouveau Versailles, sauf à en jeter les comptes au feu et à léguer leur solde à deux banqueroutes ; et si quelque principicule du lac Majeur ou du Neckar voulait encore singer ces impré- voyantes magnificences et se faire aussi gros... que LK ROI, il risquerait fort de ne laisser à ses descendants d'autres revenus que les fermes payées par la curiosité des touristes. Mais je n'en dirais pas autant des scènes moins nombreuses : cette nymphe au sablier, qui symbo- lise les variations périodiques, ne serait nullement dépla-