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JACQUES DE VINTIHiIXE. 113 Non regum mensas, Pontificumque dapes; Non armenta, grèges, moilis non gaudia lecti, Sed rectum in valido corpore mentis opus. Vintimille tenait d'ailleurs dignement sa place au mi- lieu de ces spirituels et illustres amis. La nature avait été libérale envers lui, et l'éducation avait secondé la nature : il avait étudié avec succès l'histoire, la j u r i s - prudence , les mathématiques et jusqu'à l'architecture ; il possédait la plupart des langues mortes et vivantes, et cultivait tout à la fois la peinture, la musique et la poé- sie. Il faut remonter au seizième siècle pour trouver chez un seul homme des connaissances si étendues réunies à des talents si variés. Mais les belles-lettres eurent d'abord ses préférences, et c'est d'elles qu'il fera plus tard cet éloge bien senti : « Tant s'en fault que les lettres corrompent ou amolis- « sent les cœurs généreux, que par le contraire elles les « façonnent, aiguisent et enflamment aux belles entre- « prises. Car l'on void par expérience que la hardiesse, « dénuée de discours , se tourne en furie et témérité , et « l'esprit de beaucoup se rend lourd et hébété, s'il n'est « poly et façonné par les lettres (1). » Il n'avait d'ailleurs aucun préjugé de race ; il connais- sait toute la dignité de la pensée ; il croyait, en se livrant à l'étude, moins encore satisfaire un goût personnel, que donner aux hommes de sa caste un utile exemple. « Pour « corriger, dit-il, les humeurs de ceux qui estiment les « lettres inutiles aux gens nobles, j ' a y bien voulu donner « la voile aux vents avec ceux qui ont couru cesfe « mer (2). » C'est ainsi que Jean-André Lascaris, sur- (1) Epistre dédicaloire de la traduction d'Hérodien, édition de 1580, (4).Eptsfre dédicaloire, ibid. 8