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72 INVASION DU FOREZ. Feurs, a cette époque, tomba au pouvoir des Anglais. Ils ren- versèrent les remparts et le château que les habitants venaient de fortifier avec tant de soin. C'est du moins la conclusion logique qu'il faut tirer de la reconstruction des remparts de Feurs qui eut lieu quelques années après, vers 1409, par les ordres de notre comte Louis IIe duc de Bour- bon. Un terrier de Feurs, dressé par Jurieu en 1473, con- servé aux archives du département de la Loire, nous apprend aussi que le château avait été reconstruit après 1400, sur une surface moins grande que celle occupée par l'ancien, et qu'en 1450, les fossés qui séparaient autrefois le vieux châ- teau de la ville, avaient été vendus par abénevis et convertis en jardin. Pour amener la destruction des remparts et du vieux châ- teau de Feurs, il fallut une lutte énergique entre les troupes anglaises et les Foréziens. Ces tailles levées chaque année de 1387 à 1394, ces nombreuses réparations faites aux rem- parts et au château de Feurs, en face des Anglais maîtres de la campagne, nous font connaître la vigoureuse résistance que les habitants opposèrent a l'étranger ; mais elles nous disent aussi que le jour de la vengeance des Anglais dut être terrible, et que, maîtres de la ville, ils durent faire peser lour- dément sur elle l'épée du vainqueur. En voilà assez, je crois, pour établir, d'une manière cer- taine,, cette seconde incursion du Forez par les troupes anglaises en 1390. Si nos historiens, qui nous ont fourni tant de détails sinistres sur les ravages des Anglais en 1357, n'ont rien dit de leur retour en 1390, il faut peut-être attri- buer leur silence à une défense plus énergique des Foréziens, au souvenir encore présent de la dernière invasion, qui ranima l'esprit national, réunit les efforts dans une défense commune et repoussa nos envahisseurs avant qu'ils aient eu le temps de renouveler les désastres de 1357. Aug. BROCTIN, de Feurs.