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10                        POÉSIE.
« Cette loi que tu vois pleine d'ingratitude,
Ce n'est pas le travail puis la stérilité,
Non! ce n'est pas la mort après la servitude,
C'est la gloire éternelle après l'humanité.
« Cette loi par ton cœur appelée esclavage,
C'est beaucoup d'ambroisie après un peu de fiel,
C'est un mois de soleil pour un instant d'orage,
C'est un moment la terre, et c'est toujours le ciel.
« Puis c'est encore un bien qu'une dure existence;
On connaît un grand cœur à ce qu'il a souffert.
Bien souvent on s'épure à travers la souffrance,
Comme on guérit le sang par un breuvage amer.
« Va donc! suis ton chemin ; qu'importe si la route
A des passants impurs sert aussi bien qu'à toi ;
Marche, et si devant toi tu rencontres le doute,
Sois fidèle à ton cœur, sois fidèle à ta foi.
« Dans cette indigne vie où tout bonheur s'écroule,
Dans ces sombres chemins, c'est trop laisser tes pas :
Rends-nous tes hymnes saints; que t'importe la foule?
Le mépris est bien peu quand il part de si bas.
« Puis quand le pèlerin monte aux âpres collines,
Un calme et doux zéphyr toujours rafraîchit l'air.
Va! malgré les buissons et malgré les:épines,
Le sceptre de roseau n'est pas sceptre de fer.
« Mais si, le cœur rempli de fiel et d'anathème,
Ton orgueil se révolte, appelant les combats,
Chante l'hymne du mal, injurie et blasphème,
Sois maudit ! meurs à Dieu ! ce Dieu n'en mourra pas. »
                                    Auguste   CADEAUX.