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                     REVUE

       DU LYONNAIS

                     POÉSIE.

               A MON SIÈCLE.
Comme le malheureux au bout de sa carrière,
Tristement accroupi sous sa pauvre chaumière,
Vaincu par le travail, aigri par les chagrins,
Pose languissamment sa tête dans ses mains,
Repassant dans son cœur tant d'atroces blessures,
Ainsi qu'on jetterait d'inutiles armures,
Méprise l'espérance, et blasphème les cieux,
Maudit en son délire et sa mère et les dieux,
Moi, chétif et perdu dans l'océan du monde
Comme un grain que les vents auraient jeté dans l'onde,
Ne'sachant que prier, chanter ou consoler,
Avant que des humains je cherche à m'isoler,
Je viens, fier et debout, et relevant la tête,
De ma petite voix d'enfant et de poète,
Vous dire avec^orgueil, et même avec mépris :
« J'ose vous renier, siècle et monde où je vis.
« J'ose te renier, siècle qui m'as vu naître,
« J'ai vécu bien assez pour pouvoir te connaître,
« Et juger d'un cœur droit et fier par sa vertu
» Ce que tu m'as promis, et ce que j'ai reçu. «