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                                      S27
 monastère. Au lieu du modeste et bon frère Joseph qui ac-
 cueillait les étrangers à la porte d'Obéissance, c'est tout d'a-
 bord un douanier qui se promène avec anxiété, guettant jour
 et nuit le passage furtif, parle clos, de quelque marchandise
 interdite (i). Avez-vous franchi le seuil ? Involontairement,
 votre regard se porte sur une méchante cabane , à la droite,
 et vous êtes frappé d'une autre physionomie ridée, austère ,
 mais verte encore : c'est la nonagénaire , entourée des petits
 enfants du voisinage , qui, du doigt, vous indique les lieux
 sacrés.
   N'allez pas , riche de souvenirs , chercher , à l'entrée,
 cette croix à laquelle on arrivait par une triple rampe d'es-
caliers ; les vieux arbres qui abritèrent autrefois l'auguste
symbole , et, tout autour, les pieux loisirs de nos Corde-
liers, et les bruyantes causeries des bateliers endimanchés,
qui venaient assister aux saints offices ; les vieux arbres qui
tombent aussi un à un ne recouvrent plus, de leur feuillage
devenu rare, qu'une terre glaise , qu'un froid gazon , qu'un
sol inégal et boueux. Le couvent n'a rien perdu de ses pre-
miers arrangements ; en parcourant ces dortoirs et ces vastes
salles , on se représente aisément quelle fut leur destination.
Au sud, la sacristie joint l'église; la salle du chapitre, la
chambre d'oraison , le réfectoire d'hiver , le réfectoire d'été
dont on a fait l'orangerie, se prolongent sur un même plan
et communiquent l'un à l'autre. Au-dessus étaient les cham-
bres d'hôtes , celle du P. gardien, ouverte sur la façade ;
et vis-à-vis, dans la même aile, un vaste corridor servait
de dortoir.

   (1) La porte de l'Observance est sur la ville ; celle du clos est sur Vaise
dont les entrées sont moins chères, ce qui enhardissait les fraudes. Il
existe d'ailleurs dans l'Observance un large conduit qui traverse toute la mai-
son et aboutit à la Saône. C'est par ce conduit que les contrebandiers fai-
saient descendre à la rivière des tonneaux garnis de marchandises ; une
barque, préparée pour les recevoir, les introduisait ainsi sans payer les
droits.