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la sortie n'est pas inoins le plus brillant fait d'armes qu'on
puisse citer clans les fastes militaires de la ville de Lyon , et
le courage de nos braves, accompagnés de si grands mal-
heurs , intéressera la postérité la plus reculée.
   « J'ai dit plus haut, que la crainte de tomber au pouvoir
des soldats républicains qui remplissaient les maisons voisi-
nes du plan de Yaise, m'avait fait revenir sur mes pas et
rentrer à Lyon. Arrivé à la maison , vers l'heure de midi, je
fis part à mon père du résultat de mon voyage, et il me dit
qu'il y aurait moins de danger à retourner à St-Didier le len-
demain. Je me remis donc en route , le lendemain, de très-
bonne heure , en passant encore par le plan de Yaise. Les
troupes de la république ayant, la veille , fait leur entrée à
Lyon , je ne rencontrai pas un seul militaire dans mon che-
min. Arrivé à notre domaine , je trouvai le granger (1) à table
avec sa femme et ses enfants ; il m'invita à manger un mor-
ceau , et il m'apprit que la récolte en vin avait été vendue sur
pied , par suite d'un arrêté des représentants du peuple, pris
au commencement de septembre ; il m'apprit aussi que le
grain , la paille et le fourrage avaient été mis en réquisition
pour le quartier général de Limonest, et qu'environ mille
fagots avaient été enlevés dans nos bois , soit à Dardilly , soit
à Limonest, pour la construction des barraques élevées par
les troupes formant le camp établi dans la plaine de Tron-
chon.
   > M'étant un peu restauré, et muni des renseignements que
   <
m'avait donné notre granger, je me remis en chemin pour
Lyon. J'eus l'idée de rejoindre la grande route de Paris par
la Bourgogne, afin de voir le camp dont je viens de parler.
A quelque distance de l'auberge de la Gabrielle , je fis la ren-

   (5) Ce granger s'appelait Claude Sève ; il pouvait avoir alors une trentaine
d'années , et il a fini sa carrière d'une manière fort triste. Sur ses vieux
jours , il habitait Vaise et mendiait dans la campagne. Aux affaires d'Avril
 1834 , il a étéjelé par les fenêtres de la chambre qu'il occupait dans la rue
PmjeUi'e.