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solennel que prend une réunion où la grande voix de la foule
se fait entendre ainsi. Après le repas , les exercices du tir re-
commencèrent ; mais depuis l o r s , la tribune f u t , à peu près
continuellement occupée, et l'afïluence fut plus ou moins
considérable à l'entour, suivant le plus ou moins de talent
ou de renommée des orateurs qui venaient y parler.
    Cependant, rien ne faisait prévoir jusqu'alors les tentatives
politiques extra-légales de l'exécution desquelles on avait
tant parlé en Suisse. Il paraît que l'appréhension de ne pas
réussir convenablement les avait seules relardées , car on y
vint dans la matinée du samedi. Je me promenai dans le
Champ du Tir , et je regrettais de n'y remarquer qu'un n o m -
bre infiniment faible de Français, lorsque de violents hourras
s'élevèrent de plusieurs points. Il se fit un mouvement géné-
ral dans la foule : les femmes s'enfuirent de tous côtés. D'un
tertre sur lequel je me p l a ç a i , je reconnus qu'au milieu de
groupes fort n o m b r e u x , des orateurs parlaient avec la plus
grande chaleur. On s'agitait vivement autour d'eux. Une dou-
zaine de Miliciens qui montaient la garde auprès de la pièce de
c a n o n , servant à annoncer chaque jour le commencement
et la fin des exercices du tir , accoururent vers les rassemble-
ments. L'officier qui les commandait harangua la foule. Elle
se dispersa aussitôt, mais alla se reformer plus loin , pour
écouter d'autres orateurs. Les Miliciens revinrent de nouveau ;
il y e û t , pendant un certain temps , quelque tumulte ; main-
tes gourmades furent distribuées de citoyens à citoyens ; puis,
tout s'arrêta là. 11 ne vint pas même à l'idée des agitateurs ,
cent fois plus nombreux pourtant que la force militaire et
aussi bien armés q u ' e l l e , de lui enlever ses fusils et de
poursuivre ensuite le cours de leurs dessins. C'était l'appui
de la majorité de leur concitoyens qu'ils désiraient obtenir
avant tout. Les essais qu'ils avaient pu faire pour y arriver
demeurant infructueux , ils n'allèrent pas plus loin. Pendant
ces scènes de t u m u l t e , j'avais marché près du colonel Du-
four , de Genève , qui se promenait avec l'ambassadeur Fran-