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• 162 ses fleurons. Ses remparts se nivellent, déjà on laboure ses fossés , le Sautoir illustre des Balzac d'Enlraigues qui cou- ronnait ses portes, depuis je ne sais quand, roule à travers la poussière des chemins, comme une pierre inutile , sans que nul se baise pour lui éviter la fange ou les roues ferrées de nos voitures. D'un autre coté, St-Jean est enfoui derrière des piles d'é- tages modernes , nos aqueducs croulent ou se comblent, nos inscriptions sont badigeonnées, et le marbrier tire à vil prix de nos campagnes des frises et des chapitaux ornés, pour en faire des tables ou des cuvettes, mais à coup sûr ja- mais des Dieux. On parle beaucoup cependant d'art, d'époques , de restau- rations.... Bien à tort, je vous jure, car je ne trouve autour de moi que métier, confusion et ruines. Si les antiquités ob- tiennent quelque peu de respect de la part de nos lyonnais, ce sont quelquefois celles de Rome ; quant à celles du moyen âge, la même mode qui nous poussait à les étudier, il y a quelques années, s'est retournée de nouveau vers l'antique, voire même le rococo. Il nous a donc paru utile de décrire nos monuments et de signaler les plus remarquables de notre pittoresque pays. Mais d'abord disons quelque chose de la haine que le clas- sique porte au genre gothique ou sarrazin. . Parmi lès grosses injures que les séides de l'architecture grecque vomissaient chaque jour contre les merveilleuses basiliques du moyen âge, il n'en est pas de plus souvent ré- pétées que celles qui s'adressent à la hauteur disproportionnée des faîtes et des tours gothiques. En cela MM. les architectes me paraissent avoir tout-à -fait ignoré le but et les harmonies de leur art, car ils n'ont pas remarqué que le style gothi- que avait satisfait autant et plus encore que le style des cinq ordres aux exigences de la religion chrétienne, mystérieuse par excellence, et fondée sur de tout autres bases que le polythéisme hellénique.