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Dis à la mort que je suis belle ;
Dis-lui, mon Dieu, que je l'appelle ,
Qu'il me la faut, que je la Yeux;
Mais dis-lui donc que je l'envie!
Oh ! surtout avant que la vie
Souille et blanchisse mes cheveux !


Hélas! elle est à peine éclose,
Et voici qu'elle est déjà close,
Ma belle vie aux rêves d'or!
Elle agonise, monotone,
Et, comme les feuilles d'automne,
Chaque jour elle meurt encor.


Hélas ! hélas ! jamais la foule
Que je coudoie et qui me foule
Ne se retourne pour me voir.
Qu'importe où va celle qui passe,
Qui pleure et marche tête basse?
Nul n'a le droit de le savoir.


Je suis seule , et toujours souffrante,
Toujours seule et toujours pleurante ,
Et toujours parlant ainsi ;
Où faut-il, mon Dieu, que je tombe?
Là, sainte vierge, ou bien ici ?

 Hier, mon Dieu, c'était encore
 Le beau printemps, la fraîche aurore ;
 Et c'est l'hiver, et c'est le soir ;
 Et le vent de la nuit me glace ,
 Et je cherche de place en place ;
 Et pas une pierre où m'asseoir.


 Et si demain j'étais infâme ,
 Et si je vendais, pauvre femme!
 Le seul bien qui me soit resté ;
 Demain j'aurais un équipage,