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 troupe nombreuse et fait tirer sur la place St-Pierre. Plusieurs
 canonniers sont tués, la pièce est abandonnée et la rue St-
 Côme évacuée entièrement.
    « L'affaire était perdue pour les sections (1), si la partie

   (1) Le plan d'attaque, par les sections, pouvait être mieux combiné. Par
 exemple, n'était-ce pas une imprudence grave que de s'avancer en colonne
sur le quai du Rhône devant une batterie de deux pièces de canon ? Sur quel
terrain prétendait-on déployer cette colonne , afin d'en employer les hom-
mes avec succès? quelle nécessité y avait-il de diviser la colonne de Saône,
pour en enfermer une partie dans cet étroit contour de la rue St-C&me ?
   Il fallait se borner à attaquer l'Hôtel-de-Ville sur deux points seulement,
d'abord par la place des Carmes, et arriver ensuite sur le pont Morand par
les Brotteaux, puisque les habitants du faubourg de la Guillotiére s'étaient
déclarés pour les sections. Parvenue à la descente du pont du Change , la
colonne de Saône établissait une chaîne de postes à partir de la descente
du pont jusqu'à la voûte du Grand-Collège, passant par la rue des Bou-
quetiers, la rue de la Fromagerie , la rue Neuve , la place du Grand-Collège
et la rue Ménétrier. Cent hommes placés à la voûte du Grand-Collège , sur
le quai de Retz, cent à la place du Grand-Collège , cent à l'entrée de la
rue Sirène , cinquante a l'entrée de la petite rue Longue , cinquante à l'en-
trée de la rue de l'Orangerie et cent à la place de la Platière, étaient plus
que suffisans pour tenir en échec les partisans de la municipalité, et les
empêcher de faire aucun mouvement qui put gêner la colonne de Saône dans
ses opérations sur la place de la Feuillée , la place de la Boucherie et la place
des Carmes.
   l a plus forte partie de la colonne des Brotteaux aurait été mise en ti-
 railleurs sur le bord du Rhône , de chaque côté du pont; l'artillerie de la
colonne aurait constamment tiré à boulets sur les canons de la municipalité,
afin d'arriver à les démonter. Après un feu d'environ trois quarts d'heure au
plus , le commandant de la colonne aurait fait avancer sur le pont une
soixantaine d'hommes bien déterminés, et les partisans de la municipalité ne
pouvaient alors que battre en retraite sur VH6tel-de-ViUe qui se trouvait
ainsi placé entre deux feux.
    Ces dispositions auraient évité bien certainement la grande perte d'hom-
mes qui fut faite dans la rue St-Côme et sur le quai de Retz. Quoiqu'il en
soit, la victoire n'en est pas moins restée aux sections : noble comme les mo-
tifs du combat, elle- ne fut souillée par aucun excès , tant il est vrai que
la modération est toujours la compagne inséparable du bon droit.