Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              75
sant que des ponts-neufs arrangés en contrepoint, que ce
grand récitatif pour un sujet si burlesque ? Ici, il était im-
possible qu'une pareille chose réussît, et M. Crémont aurait
reculé devant le plus mince essai de son œuvre, s'il eût pu
croire que les amateurs d& bonne musique se prendraient à
regretter les combats à coups de vessie, les chevaux de car-
Ion et la marche ridicule du bon roi Thoas.
    La dernière fois qu'on a joué, à Paris, les Rêveries , c'était
 Potier qui remplissait le rôle principal; celte mascarade
 fut jouée et chantée avec tout le sang -froid et la dignité qu'on
 mettait jadis à représenter l'œuvre du vieux Gluck. La charge
 fut merveilleusement comprise et on applaudit avec fureur.
 On eût peut-être sifflé les combats à coups de vessie, les che-
 vaux de carton et la marche ridicule du bon roi Thoas ; que
 voulez vous ? autres lieux, autres mœurs !....
    La seule chose, à notre sens, qui devait nuire au succès
 d'un semblable ouvrage, c'était l'oubli de l'opéra d'Iphigénie
 en Tauride, lequel n'a pas été représenté depuis 1800. Malgré
 tout, on s'est plu à reconnaître le talent de monsieur Cré-
 mont, et l'ouverture , qui est une œuvre à part, a surtout été
 applaudie comme une symphonie tout-à-fait remarquable.
     Arrivons aux concerts : il y a quelques mois, nous
 avons entendu M. Wally sur le cor à piston. Le talent in-
 contestable de cet artiste et l'admirable parti qu'il tire
 d'un instrument aussi ingrat que le cor, nous ont fait re-
 gretter que nos artistes n'adoptent pas le perfectionne-
 ment du piston. Peut-être cette addition rendrait-elle meilleure
l'exécution d'une foule de traits difficiles qu'on trouve à
 chaque pas dans la musique nouvelle. M. Hainl, qui a
remplacé M. Crémont, a entrepris une tâche pénible et dé-
licate. Le meilleur moyen de faire oublier son prédécesseur
serait, à notre avis, d'améliorer l'orchestre, qui est loin
d'être irréprochable. Les cuivres et les violons en sont la
partie faible. Ne ferait-on pas bien de faire un appel à tous
les artistes à talent qui sont ici, et il y en a beaucoup. Et s'