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octobre 1745, une flotte marchande de quarante voiles, ren-
contrée par les Anglais, perdit trente de ses bâtiments. Cette
flotte, qui venait de la Martinique en France, était escortée
« Les personnes à qui le roi donnait des bénéfices , ne tardèrent pas, dit
« Hervé, à en donner une partie à d'autres vassaux qui contractaient vis-
« à -vis d'eux le même engagement de reconnaissance et de dévouement,
« qu'ils avaient contracté vis-à -vis du roi. Ces nouveaux vassaux se trouvaient
« indirectement dans la main du souverain ; car ses leudes , en le suivant,
« se faisaient suivre de leurs fidèles, et par là tous se trouvaient sous l'éten-
» dard du roi. Les vassaux du second ordre s'appelaient arriëre-vassauoc, par
« rapport au seigneur qui avait fait la première inféodation, et celui-ci s'ap-
« pelait suzerain par rapport à eux. Les arrière-vassaux s'appelaient aussi
« vavasseurs, expression qui est un diminutif de vassal. »
Tout ce qui vient d'être dit jusqu'ici, n'est que l'explication du régime féo-
dal de la propriété foncière, régime assez simple, assez naturel, et qu'il serait
possible d'employer aujourd'hui avec quelque succès en Afrique, afin d'as-
surer la colonisation du territoire conquis par nos armées. Il n'y aurait qu'une
seule inféodation, celle faite par le gouvernement ; les sous-inféodations ne
seraient pas permises, et les terres données, ne le seraient qu'à des hommes
à la fois agriculteurs et soldats, placés sous le commandement de chefs mili-
taires nommés par le roi, avec défense aux Colons de vendre leurs propriétés
et de quitter le canton sans l'autorisation du gouverneur général.
Mais un régime féodal odieux à quiconque est doué de la faculté de
penser, et que les rois de France ont eu la plus grande raison de dé-
truire , autant dans l'intérêt de leur couronne que dans celui de leurs peu-
ples , c'est le régime qui naquit sous les descendants de Gharlemagne, par
l'usurpation que firent les ducs et les comtes de la propriété de leurs gouver-
nements.
« Lorsqu'ils s'en furent fait, dit Hervé, un patrimoine qui passait non
« seulement à leurs descendants, mais même à lenrs collatéraux et aux
« étrangers en faveur de qui ils jugeaient à propos d'en disposer , la France
« fut témoin d'un bien triste spectacle. Celni qui ne s'était approprié qu'un
» bourg ou une ville, faisait serment à celui qui s'était emparé de toute une
« province, de le reconnaître pour son seigneur, et de défendre sa per-
« sonne et ses biens, à la condition que de son côté il le protégerait, le défen-
« drait et ne lui refuserait jamais justice. C'est ainsi que de proche en proche
« les fiefs et les arrière-fiefs se multiplièrent tellement, qne sur le déclia