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mon éblouissement cessa et je reconnus, dès-lors, non plus
une nuée bleuâtre, mais le magnifique lac de Genève, sur
lequel s'avançaient quelques barques avec leurs larges voiles
blanches déployées. Ma pensée ne tarda pas à se reporter k
deux années en arrière. C'était vers ce temps que j'avais visité
en simple curieux les bords de ce lac ; c'était comme proscrit
que j'y revenais. Il y avait tout un monde entre ces deux épo-
ques si rapprochées de ma vie !
   Devant nous était Nyon, jolie petite ville, dont les terrasses,
 délicieusement ombragées, plongent dans l'azur du lac. Ce
 fut dans cette cité que nous allâmes fixer notre premier séjour.
 Tout le monde, en Suisse, s'occupait alors du Tir Fédéral qui
devait être ouvert prochainement à Zurich. Dans les journaux,
dans les conversations particulières, la seule question à l'or-
dre du jour était le Tir et les résultats politiques dont il pou-
vait être suivi. En même temps que les Carabiniers avaient-
 été invités à venir faire à Zurich leurs preuves d'adresse, il
était parti d'autre part un appel adressé aux Sociétés de sû-
reté fédérale de chaque Canton., pour qu'elles envoyasssent,
aussi à Zurich, des délégués qui se réuniraient en une assem-
blée où l'on s'occuperait de l'état politique de la Suisse. Il
pouvait arriver, disait la rumeur publique, qu'on en vînt à
renverser la Diète, à accomplir enfin une révolution. Il sem-
bla à Edouard comme à moi, que ce Tyr était la meilleure
occasion possible pour examiner le peuple Suisse dans ses
j-eux et dans sa vie politique. Nous n'hésitâmes pas ; les plans
de voyage que nous avions dressés furent mis de côté et nous
nous préparâmes à nous rendre- en toute hâte à Zurich. On
nous recommanda à plusieurs professeurs; et, pour le cas où
des troubles graves viendraient à éclater, on nous munit de
certain talisman qui devait nous procurer, à l'instant, aide et
protection.
   Ce fut à Lausanne que nous prîmes la malle-poste. Quatre
autres voyageurs seulement faisaient, de concert, le même tra-
jet que nous. Deux étaient des négociants lyonnais. J'admirai'