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BIBLIOGRAPHIE 741 Dans son chapitre sur l'Atlantide, de remarquable analyse et d'exposition éclatante, nous retrouvons encore ces deux dominantes du style de M. L. Mais, comme toujours, le coloris du poète l'emporte sur Vacadémicisme de l'écrivain. — « Le poète catalan a voulu personnifier la force dans Hercule, la grâce dans Hespéris, et réunir ces deux symboles par le pont fleuri de l'Amour. Y a-t-il complètement réussi ? Pour notre compte, nous serions disposé à trouver dans son héros le géant plutôt que l'amoureux. » Ici je me permettrai une réflexion, h'Atlantide est l'œuvre d'un prêtre et il eût été plus humain, de la part du critique, d'observer tout le périlleux que la situation d'Hercule présentait au poète. — Mais voici que mon bavardage m'en- traîne trop loin. Je ne prétendais que recommander un volume qui m'a fait passer plusieurs moments exquis. PAUL MARIÉTON. Les ÉTAPES D'UN NATURALISTE, par M. ALBERT SAVINE • Paris, E, Giraud, 18, rue Drouot, in-18 Jésus, 18S4, 3 fr. 50. Voici un nouveau livre de M. Albert Savine, l'un de nos plus éminents confrères en critique et assurément des tout premiers hispanisants d'Europe. Ces Etapes d'un naturaliste ne sont guère qu'une série d'études diverses groupées sous une même égide, chère à l'auteur. Mais en observant bien, peut-être trou- verions-nous, dans leur diversité même, un lien à toutes ces études et, par là , un attrait commun. Je pourrais déjà faire une querelle à M. A. S. du titre de son livre. Il l'a composé en effet de la plupart des articles disséminés par lui dans les revues et journaux de lettres, de 1876 à ce jour. L'auteur, ou je me trompe fort, avait dix-huit ans quand il écrivait ce premier chapitre, d'ailleurs sans grand intérêt, Souvenir des Pyrénées et cet autre La Révolution à Bordeaux. Serait-ce donc parce qu'il a voulu tout mettre qu'il s'intitule naturaliste?... La raison, pour un jeune auteur qui n'a guère donné de sa propre étoffe que de l'histoire critique et littéraire, peut paraître insuffisante au public, trop peu familiarisé encore avec ces distinctions de manières qui ne reposent le plus souvent que sur des nuances. Mais passons. L'intérêt qu'on peut trouver dans la diversité des chapitres repose sur ce qu'on y voit l'auteur se dépouiller peu à peu du style romantique, c'est-à -dire, chez lui, d'imitation, pour arriver à une forme simple, naturelle ou naturaliste, quand toutefois il ne se croit pas dans l'obligation de créer des mots pittoresques. Quant au lien que ces études ont entre elles, tous ceux qui ont Iules premiers ouvrages de Mi A. S., son introduction à l'Atlantide de Verdaguer, par exemple, l'on déjà deviné. Les origines du Fèlibrige, les Romans de Juan Valera, le recteur de Vallfogona, un ancêtre des rénovoteurs catalans, les écrits M. Menendes Pelayo, un tout jeune et très éminent polygraphe espagnol, l'état présent des Littératures espagnole et catalane, catalane surtout, le Gil-Blas du dix-neuvième siècle (une charmante étude sur le roman de M. de Pereida), Mistral et Nerlo