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                      DOCUMENTS INEDITS                           091
était assez riche pour acheter sur ses économies des places fron-
tières? Était-ce la rémunération d'un don fait au trésor, ou la ré-
compense d'un service? Quelle était cette famille dont nous n'avons
pu trouver le nom dans aucun ouvrage?
   Est-elle éteinte aujourd'hui? A-t-elle laissé des descendants
répandus eu d'autres provinces ?
   Autant de questions auxquelles nous ne pouvons répondre.
Une chose certaine, c'est que longtemps après les Cottié usaient
encore de leur permission et même trop largement au gré des
seigneurs atteints dans leur plus sensible prérogative. Aux
malheureux réclamants le bénéficiaire donnait au besoin une
copie de sa permission et dans le milieu du règne de Louis XV
un Cottié, teinturier à Lyon, chassait encore dans toute la p r o -
vince. Spectacle bizarre! grâce à cette faveur inextinguible et sans
bornes, les nobles pouvaient voir, jusque sous leurs fenêtres, leurs
terres ravagées, leur gibier traqué par une armée de chasseurs.
   Ils en appelèrent au grand maître des Eaux et forêts qui ne
répondit pas, jugeant apparemment inattaquable le privilège des
Cottié.
   Un procès s'engagea néanmoins et comme en 1742, le titulaire
d'alors, trouvant sans doute sa permission un peu ancienne,
voulut la faire réitérer, les gentilshommes de la province rédi-
gèrent une pétition collective à M. de Baudri, intendant des
finances pour en empêcher le renouvellement.
   Voici le texte de ce placet dont nous respectons l'orthographe :

          Monseigneur,
   « Les gentilshommes et seigneurs de la province de Lyonnais
et pays circonvoisins ont recours à vous et vous supplient très
humblement de leur accorder votre protection contre les attentats
du nommé Cottié tinturié de la ville de Lyon, qui, sous le pré-
texte de certaine permission de chasse accordée en 16b'2 à un sien
parent, ravage impunément et sans distinction de temps ni de lieu
les terres et les héritages de la province, ainsi qu'il est établi au
procès pendant par-devant les officiers de la maîtrise de Lyon.
Cependant comme les suppliants ont appris que ledit Cottié se
donnait des mouvements pour faire renouveler ladite permission